Fret maritime : quels vont être les impacts du blocage du canal de Suez ?

ACTualité

avril 2021

Fret maritime Canal de Suez

Le trafic dans le canal de Suez a repris : le porte conteneur Ever Given qui a bloqué l’artère maritime pendant 6 jours a été dégagé.

Cet incident, exceptionnel, a créé un vent de panique pour tous les opérateurs du commerce international : plus de 400 navires étaient coincés aux extrémités et au milieu du canal de Suez, l’une des voies maritimes les plus fréquentées du monde.

Environ 10% du commerce mondial emprunte ce passage reliant la mer Rouge à la mer Méditerranée, et chaque jour de retard coûte entre 6 et 10 milliards USD. 

Face au blocage, plusieurs grands armateurs ont décidé d’emprunter la route du cap de Bonne-Espérance, au sud de l’Afrique, ajoutant ainsi 9 000 km et pas moins de 10 jours de transit time à l’itinéraire.

Le marché mondial du shipping, déjà fortement impacté depuis la crise sanitaire avec la pénurie de conteneurs (cf. Fret maritime : pénurie de conteneurs en Chine), l'engorgement de certains grands ports et des taux de fret élevés, a pris un coup supplémentaire avec cet incident.

Tous les moyens ont été mis en oeuvre afin de débloquer au plus vite le géant des mers échoué, mais il faudra plusieurs semaines pour que les lignes des armateurs rattrapent le retard cumulé et retrouvent un fonctionnement normal.

Pour savoir si vos marchandises sont concernées, la plupart des compagnies maritimes tiennent à jour sur leur site internet la liste des navires retardés et font régulièrement le point sur la situation : n'hésitez pas à contacter notre service Transport, logistique et distribution internationale pour obtenir des informations opérationnelles à jour.

Avis d'expert

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Julie BONNETON, Experte - formatrice en Commerce International chez ACTE International

Ce blocage par l'Ever Given du canal de Suez a fait la une des journaux, suscitant des craintes légitimes de la part des opérateurs du commerce international concernant leurs opérations import / export par voie maritime.

Il est encore trop tôt pour évaluer précisément toutes les conséquences sur les dates d'arrivée à destination.

Certaines compagnies maritimes pourraient tenter de résorber le retard en réduisant le nombre d'escales : dans ce cas les marchandises risquent d'être déchargées dans un autre port et réacheminées par bateau feeder jusqu'au lieu de débarquement final. Outre le rallongement potentiellement conséquent des délais, il existe toujours un risque de laisser-à-quai lors du transbordement...

Les navires qui ont détourné leur route en contournant l'Afrique du Sud ne devraient pas être confrontés à ce problème. Toutefois, les compagnies ayant opté pour cette solution vont devoir assumer des frais supplémentaires liés notamment à la surconsommation de carburant : un surcoût qu'elles pourraient bien répercuter sur la facture de transport des opérateurs en imposant une surcharge !

Sans parler du fait qu'en remontant la côte atlantique de l'Afrique, les navires passeront par le golfe de Guinée où les actes de piraterie sont en recrudescence *. Une alternative par le sud loin d'être idéale et qui justifie le choix de certaines compagnies d'attendre patiemment que la voie se dégage.

La course au gigantisme, dans la taille des porte-conteneurs, montre ses premières faiblesses et pourrait avoir d'autres conséquences, à moins que les infrastructures s'adaptent rapidement.

Un banc de sable dans les rouages du commerce international, dont la mécanique huilée pourrait habituellement faire croire que rien ne peut l'arrêter. 

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Source(s) : Réseau ACTE International

Rédacteur(s) : L.VERBOUW - J. BONNETON