Transport aérien : sombres perspectives pour 2021

ACTualité

février 2021

Transport aérien

Après un bilan 2020 catastrophique, l’activité du transport aérien devrait continuer à battre de l’aile en 2021...

2020 aura été une année noire pour le secteur aérien avec un recul de 55% du nombre de vols dans le ciel européen par rapport à 2019, soit 6,1 millions de vols perdus et des milliards d’euros pour les compagnies aériennes.

En Europe, comme partout dans le monde, l’évolution du trafic aérien continue à jouer au yoyo...  Après une légère amélioration cet été (cf Fret aérien : une reprise difficile en juin), le nombre de vols a fait une chute libre cet automne avec le renforcement des mesures sanitaires, puis une légère hausse a été ressentie en décembre. Depuis janvier, le trafic est reparti à la baisse et le ciel reste bien sombre avec ce qui s’annonce comme le pire hiver du transport aérien.

Cette dégradation devrait se poursuivre jusqu’en avril ou mai 2021 où l’on s’attend à une lente remontée. Même avec le déploiement d'une large vaccination de la population, le retour au niveau d'avant-crise ne pourrait pas être envisagé avant… 2024 selon Eurocontrol (Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne), voire 2026 selon IATA (l'association du transport aérien international).

Si l'Europe est la région la plus touchée en raison d'un confinement strict, le trafic aérien français demeure le plus important, sauvé par son marché domestique, même s'il a diminué de 5% en janvier. Malgré un trafic inférieur de 58% à celui de 2019, la France se place donc devant l'Allemagne, la Turquie, l'Espagne et le Royaume-Uni.

Côté marchandises, à cause du manque de capacités, les coefficients de remplissage des cargaisons ont atteint des niveaux records. Les coûts du fret aérien sont exceptionnellement élevés, apportant un soutien aux compagnies aériennes à un moment où les recettes provenant des passagers se sont effondrées.

Avis d'expert

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Julie BONNETON, Experte - formatrice en Commerce International chez ACTE International

Le secteur du transport aérien, en crise depuis le début de la pandémie*, ne s'attend pas à une année faste : les spécialistes ne prévoient pas un retour au niveau d'avant crise avant 2024, voire 2026.

La reprise pour les vols passagers n'étant pas pour cette année, les compagnies aériennes se tournent vers le transport de marchandises car les perspectives pour 2021 sont meilleures. Mis de côté pendant des années, le cargo, qui representait par exemple pour Air France seulement 10% de son chiffre d'affaires, revient en force, même si la majorité des compagnies n'ont cessé de réduire leur flotte dédiée à cette activité. Aujourd'hui, elles n'hésitent pas à utiliser des avions passagers pour transporter uniquement du fret, voire même à transformer les avions. Par contre, cette activité nécessite de changer les routing et de multiplier les escales afin d'améliorer la rentabilité. 

Vu que la majorité des marchandises est acheminée sur des vols passagers qui sont restés cloués au sol pendant la crise sanitaire, les taux de fret sont montés en flèche, avec des coefficients multiplicateurs de 4, voire 5.

Le nouvel an chinois qui démarre le 12 février prochain n'arrangera rien à cette situation avec les hausses traditionnelles des taux rendues possibles par l'afflux massif des exportations de Chine avant, pour anticiper les fermetures des usines ou après, pour rattraper les retards de livraison. La fermeture des frontières de certains pays comme la France, avec interdiction de voyager vers des pays tiers sauf motif impérieux devrait aggraver les choses et maintenir les taux à un niveau très élevé tout au long de l'année tant que le trafic des vols passagers n'aura pas repris.

* cf Fret aérien : tension dans l'air sur les supply chains !

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Source(s) : Les Echos | IATA

Rédacteur(s) : C. BEDOUIN - J. BONNETON