Sourcing Chine : restrictions commerciales pour lutter contre le travail forcé

ACTualité

janvier 2021

Import Chine travail forcé

Afin de mettre un coup d'arrêt au travail forcé des Ouïghours en Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont pris à quelques jours d'intervalle des mesures pour interdire l'importation de certains produits, notamment textiles, fabriqués dans la province du Xinjiang.

Xinjiang-ChineUne enquête publiée en décembre 2020 estime que plus de 500 000 Ouïghours travaillent sous la contrainte dans les champs de coton de la province chinoise du Xinjiang... qui produit 20% du coton utilisé dans le monde ! Ce qui lie potentiellement de nombreux acteurs du textile-habillement avec le travail forcé.

Au vu de cette situation alarmante, les États-Unis avaient déjà réagi en juillet 2020 en inscrivant des entreprises chinoises sur une liste noire (cf. Travail forcé des Ouïghours en Chine : les États-Unis réagissent !). En pleine guerre économique sino-américaine, les observateurs y avaient surtout décelé une nouvelle attaque de l'administration Trump contre le pouvoir de Pékin...

Cependant, au vu des dernières études réalisées par différentes ONG, le Royaume-Uni et le Canada ont également décidé de mettre un coup d'arrêt aux importations de produits originaires du Xinjiang.

Les deux pays tentent de se coordonner pour proposer des mesures claires, consistant notamment à :

  • interdire l'importation des biens produits en totalité ou en partie par le travail forcé ;
  • mieux contrôler les exportations ;
  • remplir une déclaration d'intégrité ou à sensibiliser les entreprises.

Les États-Unis ont également durci le ton en décidant de bannir tout produit contenant des fibres de coton produites dans le Xinjiang, ainsi que certains produits dérivés de tomates récoltées par les Ouïghours.

Avis d'expert

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Julie BONNETON, Experte - formatrice en Transport International chez ACTE International

Depuis plusieurs années les ONG alertent sur la situation de cette minorité et incitent les grandes marques du textile à enquêter au sein de leur supply chain.

La multiplication des audits sociaux a permis, pour certaines enseignes, de passer au crible leur filière d'approvisionnement et de réorganiser leur chaîne logistique. Pour autant, cela n'était pas encore suffisant...

Cette fois, avec 3 nations influentes qui refusent de faire entrer sur leur territoire des produits possiblement entachés par du travail forcé, l'impact économique risque de peser davantage. La Chine a d'ailleurs réagi en réfutant les accusations et en dénonçant des mesures "inappropriées". 

Ce sujet doit être suivi de près par les acteurs de la filière textile-habillement qui risquent d'être confrontés à des blocages de marchandises aux frontières faute de pouvoir prouver leur non-implication, directe ou indirecte, dans le travail forcé des Ouïghours en Chine.

D'ailleurs, on peut s'attendre à ce que d'autres pays prennent des mesures de restriction à l'encontre des importations en provenance du Xinjiang, voire de Chine...

Fidèle à son modus operandi, l'Union européenne préfère pour l'instant tenter un effet levier sur Pékin dans le cadre des négociations sur l'accord bilatéral d'investissement.