Fret maritime : les compagnies accusées de pratiquer des taux abusifs

ACTualité

janvier 2021

Fret maritime non-respect des contrats

Alors que les taux de fret maritime s'envolent, l'Association des commissionnaires de transport européens (CLECAT) et le Conseil des chargeurs européens (ESC) attaquent les compagnies maritimes en les accusant de ne pas respecter leurs contrats. Elles saisissent la Commission européenne afin d'obtenir une régulation.

Depuis la reprise économique, les taux de fret maritime flambent (cf. Fret maritime : période à haut risque pour les chargeurs !).

A l'approche du nouvel an chinois les coûts de transport des marchandises conteneurisées au départ d'Asie atteignent même de nouveaux records : près de 10 000 USD pour un 40' sur la liaison Shanghaï - Le Havre !

Début janvier 2021, les chargeurs et commissionnaires de transport européens ont fait part de leur colère à la Commission européenne : le CLECAT et l'ESC se plaignent entre autres de "la violation des contrats existants, de l'établissement de conditions déraisonnables concernant l'acceptation des réservations et la fixation unilatérale de tarifs bien supérieurs à ceux convenus dans les contrats...".

Ils demandent des mesures à l'échelle européenne afin d'endiguer ces pratiques aux conséquences désastreuses pour les opérateurs du commerce international qui subissent ces hausses de plein fouet sans autre choix que de les accepter.

Avis d'expert

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Diana CAMMARANO, Experte - formatrice en Global Supply Chain Management chez ACTE International

Une plainte légitime qui n'aura sans doute pas d'effet, puisque la Direction de la concurrence de la Commission européenne a fait savoir aux deux fédérations qu'elle considérait cette situation comme directement liée aux conséquences de la crise sanitaire mondiale, encourageant la reprise des discussions entre les parties prenantes...

Pourtant, les reproches faits aux compagnies maritimes apparaissent convaincants : +30% de suppressions de navires sur certaines lignes, annulations d'escales, pénurie de conteneurs, non respect des transit time (50% des voyages), embarquement des marchandises (sans garantie) sous condition d'acceptation de hausses brutales des taux de fret négociés, diminution du trafic des lignes Asie/UE au profit des axes intra Asie ou Asie/USA...

La crise sanitaire est effectivement en grande partie à l'origine de cette situation : certaines des mesures prises par les compagnies maritimes remontent au printemps 2020, lors du premier confinement mondial qui a généré un arrêt quasi total des échanges mondiaux.

Le problème vient du fait qu'elles continuent de les appliquer alors que les flux ont repris depuis plusieurs mois déjà, à des taux très élevés pour compenser leurs pertes financières.

ESC et CLECAT doivent désormais décider si elles portent plainte officiellement contre les compagnies maritimes devant la Commission européenne.

Rappelons, que le texte autorisant les consortiums maritimes a été prorogé en avril 2020 pour 4 ans de plus : ces accords permettent une coopération opérationnelle des armateurs dans le but de faire des économies d'échelle. En contrepartie, les compagnies se sont engagées à assurer un niveau de service élevé, ce qui est loin d'être le cas depuis plusieurs mois. 

Certaines d'entre elles étaient déjà connues pour ces pratiques contraires à la déontologie. Mais les exceptions sont désormais devenues la règle et perdurent dans un contexte économique déjà très défavorable à une grande majorité d'opérateurs du commerce international.

Pour aller plus loin...

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Source(s) : Clecat.org / European Shippers Council

Rédacteur(s) : J. BONNETON - D. CAMMARANO