Risque RSE et Covid-19 : chute des revenus du travail dans le monde !
ACTualité
novembre 2020
D'après la 6ème édition du rapport "Le COVID-19 et le monde du travail", publié récemment par l'Organisation Internationale du Travail (OIT), les pertes globales en heures travaillées pendant les 3 premiers trimestres de 2020 sont beaucoup plus importantes que prévues.
Dans son édition précédente, publiée le 30 juin dernier, l'OIT prévoyait en effet une chute de 14% des heures de travail au deuxième trimestre 2020 : la dernière estimation réévalue ce chiffre à 17,3%, soit une perte de 495 millions d'emplois directs équivalent temps plein.
Les perspectives pour le dernier trimestre se dégradent également : les pertes globales sont désormais estimées à 8,6%, contre 4.9% dans la version antérieure.
Selon les auteurs, la baisse de l'emploi est surtout la conséquence d'une inactivité : 94% des travailleurs vivent dans des pays où il existe des mesures de fermeture des lieux de travail sous une forme ou une autre et, même si certaines restrictions ont été assouplies, les conséquences ont encore un impact économique majeur.
Les plans nationaux de relance économique ont permis d'atténuer légèrement les pertes en heures travaillées à l'échelle mondiale : +1% du PIB annuel de relance budgétaire aurait ainsi réduit l'impact de 0,8%... mais ces plans ont surtout été mis en place dans les pays à revenu élevé.
Les pays en développement disposant généralement de systèmes de protection sociale beaucoup plus limités pour compenser les pertes des revenus liées à la baisse du temps de travail, les mesures sont souvent financées par une redistribution des ressources budgétaires existantes (diminution des investissements, réduction de la masse salariale de la fonction publique,...).
D'après les experts de la Banque Mondiale, pour la première fois depuis plus de 20 ans le nombre de personnes vivant dans l'extrême pauvreté (<1,90 USD/jour) va augmenter : +115 millions dès 2020.
Avis d'expert
Alors qu'une grande partie des pays de l'UE entre dans une nouvelle période de reconfinement à durée indéterminée, on peut craindre que la situation ne s'aggrave encore dans les pays de sourcing.
Sans visibilité sur la date et l'ampleur d'une reprise économique durable, la baisse de l'activité économique dans les pays des donneurs d'ordres devrait en effet impacter les carnets de commandes des fournisseurs, avec des conséquences économiques et sociales désastreuses dans les industries manufacturières des pays en développement.
Dans de nombreuses zones de sourcing, ce sont les travailleurs de l'économie informelle qui sont les premiers touchés : ne disposant pas de protection sociale, d’allocation-chômage ou d'accès aux infrastructures de santé, ils peuvent représenter jusqu'à 90% des forces de travail comme en Inde...
Dans certains pays, comme en Indonésie ou en Inde, les récentes mesures visant à assouplir les règles sociales pour les entreprises au détriment de la protection des travailleurs risquent d'accentuer ce phénomène de paupérisation.
Face à cette situation critique, les acteurs et promoteurs de la RSE internationale engagés sur les Objectifs du Développement Durable (ODD), réclament une véritable coordination politique internationale (comme en 2008 au sein du G20), et la mise en place urgente de programmes de soutien aux pays en développement dont les ressources sont insuffisantes pour faire face à ce "tsunami" d'un nouveau genre.
Pour aller plus loin...
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Source(s) : www.ilo.org
Rédacteur(s) : L. VERBOUW - S.THONNERIEUX
ACCORD UE/UK : FAISONS LE POINT !
Jeudi 14 Janvier 2021 : 11h-12h