RSE : ratification universelle de la convention sur le travail des enfants
ACTualité
August 2020
Tous les pays membres de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) ont désormais ratifié la Convention fondamentale C182 qui protège les enfants contre l'esclavage et les pires formes de travail. Mais quels sont les progrès qui restent à accomplir et quel impact aura la crise de la COVID-19 sur ces engagements ?
Avec la ratification ultime des Tonga début août, la Convention n°182 sur les pires formes de travail des enfants est la première convention de l'OIT à être universellement adoptée par tous ses États membres... 21 ans après son introduction !
L'OIT estime à 152 millions le nombre actuel d'enfants qui travaillent dont 73 millions dans des travaux dangereux, soit une diminution de près de 40% entre 2000 et 2016 : une amélioration attribuée à l'augmentation du taux de ratification des conventions n°182 et 138 (sur l'âge minimum d'admission à l'emploi), et à l'adoption par les pays de lois et d'engagements politiques volontaristes.
Toutefois, les progrès ont ralenti ces dernières années, en particulier dans le groupe d'âge le plus jeune (5-11 ans) et dans certaines zones géographiques.
Or, la pandémie COVID-19 pourrait indirectement entraîner une recrudescence du travail des enfants pour la première fois en 20 ans
En Inde par exemple, où les écoles demeurent fermées en raison de la progression du coronavirus, de nombreux parents sont contraints d'emmener leurs enfants avec eux au travail... Et lorsque l’activité reprendra, il est probable que certaines familles n'auront plus les moyens d'envoyer leurs enfants à l'école.
Une situation dont profitent déjà des recruteurs, mandatés par des propriétaires d'usines à la recherche de main-d’œuvre bon marché. Résultat : malgré une législation nationale qui interdit le travail des moins de 14 ans, le travail des enfants a augmenté dans tous les secteurs.
"Mettre fin au travail des enfants d'ici 2025 sous toutes ses formes" figure dans la cible des Objectifs de Développement Durable (ODD) adoptés par tous les États membres des Nations unies en 2015.
ll incombe désormais à la communauté internationale de veiller à ce que cette Convention soit pleinement appliquée, notamment en faisant preuve de diligence raisonnable dans les chaînes d'approvisionnement internationales.
Avis d'expert
Cette étape symbolique est le signe d'un véritable consensus mondial en faveur de la lutte contre l'esclavage et l'exploitation des plus jeunes.
Mais alors que les progrès réalisés poussaient la communauté internationale à espérer atteindre l'objectif universel d'éradication du travail des enfants dans le monde d'ici 2025, c'est un virus que personne n'attendait qui nous rappelle pourquoi ce drame humanitaire est si difficile à combattre.
Le recours au travail des enfants est intimement lié à la grande pauvreté et touche les groupes les plus vulnérables : ceux qui travaillent dans l'économie informelle, les migrants, les minorités ethniques ou religieuses, ceux qui sont le plus touchés par le ralentissement économique... et les crises sanitaires !
Au-delà d'un engagement au sein de l'OIT par la ratification d'une Convention internationale, les gouvernements ne peuvent progresser que si les enjeux relatifs au travail des enfants sont intégrés dans des politiques plus larges en matière d'éducation, de protection sociale, de justice, d'accès au marché du travail et de droits internationaux de l'homme au travail.
Les solutions à ce fléau sont connues : une protection sociale plus complète pour les familles, un accès plus facile au crédit pour les ménages pauvres, la promotion d'un salaire décent pour les adultes, des mesures pour réintégrer les enfants au travail à l'école (par exemple, la suppression des frais de scolarité), davantage de ressources dans les services d'inspection du travail et la volonté de faire appliquer la loi.
Au niveau des entreprises, le sujet du "non travail des enfants" est au coeur de toute politique de chaîne d'approvisionnement responsable, intégré dans tous les codes de conduite, et l'audit social est un outil qui peut permettre de déceler, à un instant T, la présence d'enfants au travail.
Mais il est important de comprendre les raisons économiques et socio-culturelles locales qui expliquent ces situations afin de mettre en place les actions correctives les plus appropriées : plûtot que de cesser toute activité avec l'usine concernée, il est préférable de l'inciter à trouver une solution acceptable et pérenne (embauche d'un membre adulte de la famille contre retour à l'école, mise en place de contrats d'apprentissage, salaire moyen décent,...).
Pourquoi ne pas contribuer également à des programmes d'éducation proposés localement par des ONG ou des collectifs de citoyens ?
Les ODD engagent les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et les entreprises à travailler ensemble pour atteindre ces objectifs communs pour un monde plus juste : sur le sujet de l'éradication du travail des enfants, nous avons tous un rôle à jouer pour que chaque enfant ait droit à une vie décente, à l'éducation et à la santé.
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Source(s) : www.ilo.org | www.lesechos.fr
Rédacteur(s) : L.VERBOUW | S. THONNERIEUX
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