Travail forcé des Ouïghours en Chine : les États-Unis réagissent !
ACTualité
août 2020
En réponse à l'utilisation du travail forcé des Ouïghours dans certaines usines en Chine, les États-Unis placent des entreprises chinoises sur liste noire et présentent le projet de loi "US Slave-Free Business Certification Act".
C'est l'étude du Think Tank australien Strategic Policy Institute en mai dernier qui a remis sur le devant de la scène la dramatique situation de la minorité musulmane et turcophone des Ouïghours en Chine, en dévoilant un système de travail forcé organisé par l'État chinois dans de nombreuses usines fournissant de grandes marques internationales du secteur textile, automobile ou électronique.
Plus de 80 marques internationales sont soupçonnées d'être impliquées, directement ou indirectement dans ce système.
Plus d'un million de Ouïghours auraient disparu dans un vaste réseau de centres de rééducation - le gouvernement chinois parle de "centres de formation professionnelle" - où ils sont soumis à un endoctrinement politique, contraints de renoncer à leur religion et à leur culture et contraints de travailler dans certaines usines du Xinjiang.
Mais depuis 2017, les usines chinoises situées dans d'autres provinces chinoises recrutent également des travailleurs ouïghours, envoyés directement des camps de rééducation, dans le cadre d'un programme de transfert de main-d'œuvre établi et exploité par le Gouvernement.
Alors que les défenseurs des droits humains appellent au boycott des grandes marques impliquées afin de sensibiliser les consommateurs, les États-Unis ont choisi la voie de la sanction économique.
Onze entreprises chinoises viennent d'être placées sur liste noire rejoignant les 37 firmes chinoises déjà visées en octobre 2019 et juin 2020 : les sanctions prises limitent fortement leur accès à des technologies et produits américains.
Pour aller plus loin, le Sénateur Hawley a présenté un projet de loi qui vise à rendre les entreprises américaines responsables du travail forcé dans leurs chaînes d'approvisionnement.
Le Slave-Free Business Certification Act (S.4241) renforce les exigences de transparence des chaînes d'approvisionnement, impose des audits réguliers, oblige les PDG à certifier que leurs chaînes d'approvisionnement ne dépendent pas du travail forcé, et crée des sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas les normes minimales des droits de l'Homme.
En parallèle, le Département de la sécurité intérieure (DHS), le Service des douanes et de la protection des frontières, le Département du Commerce et le Département d'État ont publié un communiqué indiquant qu'ils vont prendre des mesures de contrôle accrues contre les entreprises américaines qui profitent sciemment du travail forcé et des autres violations des droits de l'homme en cours dans le Xinjiang et autres provinces sur la population Ouïghour.
Avis d'expert
A l'annonce des nouvelles mesures prises par le gouvernement américain pour sanctionner ces usines chinoises qui bénéficient du travail forcé de travailleurs Ouïghours, et du projet de nouvelle réglementation sur le travail forcé qui va s'appliquer aux entreprises US, on hésite entre admiration et scepticisme...
Certes, on ne peut que louer l'aspect positif de telles mesures qui utilisent les sanctions économiques pour punir ces abus inacceptables sur les droits humains. Mais personne n'est dupe des intentions réelles de l'administration Trump qui utilise une arme supplémentaire dans sa guerre économique et commerciale contre la Chine, bien loin d'une promotion sincère de l'éthique et des droits humains dans les supply chains internationales...
En dehors de cette prise de position unilatérale, de nombreuses voix politiques se sont déjà élevées pour condamner fortement la politique chinoise de répression politique, culturelle et religieuse contre ses populations musulmanes, Royaume Uni et France en tête, réclamant une action au niveau diplomatique international.
Une mobilisation globale au niveau des G7, G20 et des instances onusiennes pourrait avoir un impact plus efficace et plus durable pour le respect des droits de l'homme en Chine.
Quand on observe la politique que la Chine poursuit au Tibet, ou les récents événements survenus à Hong Kong, on peut imaginer que la route sera longue...
En attendant, les marques et importateurs qui travaillent avec la Chine doivent redoubler de vigilance dans leur approche de diligence raisonnable, et porter une attention particulière lors des audits sociaux sur les sujets de travail forcé et de recrutement responsable, particulièrement lorsque leurs produits sont destinés à l'exportation vers les États-Unis.
Pour aller plus loin...
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Source(s) : www.lesechos.fr | www.novethic.fr | www.hawley.senate.gov
Rédacteur(s) : L.VERBOUW - S.THONNERIEUX
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Jeudi 14 Janvier 2021 : 11h-12h