Sourcing textile 2020 : au coeur de la tourmente du coronavirus

Atmosphère Internationale

mars 2020

Sourcing textile 2020

Habituellement revu et réajusté a minima deux fois par an (printemps/été et automne/hiver), le sourcing de la filière textile et habillement subit des aléas majeurs qui obligent les supply chains à remettre en question leurs fondamentaux...

Thème :

Sourcing international

Pays :

UE / Maroc / Monde

Le Maghreb pourrait-il bénéficier de "l'effet corona" en Chine, et reprendre sa place dans le sourcing des acheteurs européens ?

D’après Eurostat, les exportations de textile - habillement n’ont augmenté que de 0,7% pour atteindre 3 milliards d’euros, alors que l’ensemble des fournisseurs de l’UE progressaient de 3,7% : une reprise des commandes des donneurs d’ordre européens serait donc bienvenue !

Parallèlement, le sourcing de matière des fabricants de vêtements et produits textiles marocains se répartit entre :

  1. Chine : zone d'approvisionnement privilégiée pour des matières moins chères, avec des "transit times" plus longs et des coûts de transport à la hausse.
  2. Turquie : zone d'approvisionnement de proximité, dans des délais courts avec des coûts de transport maîtrisés, mais avec des prix de matière première plus élevés.

Le Maroc souffre d'un manque de visibilité tant du côté de ses donneurs d'ordre que de ses fournisseurs : une position difficile à tenir.

Avis d'expert

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Anne LE ROLLAND, Experte en Global Supply Cahin Management (PDG ACTE International Groupe)

En 3 mois, les fabricants de textile-habillement de la zone Maghreb sont passés de l'espoir à la déception :

En début d'année, la crise sanitaire en Chine a fait planer un risque de pénurie de matières premières, réorientant les approvisionnements vers la Turquie, plus chère.

En février, l'interruption des usines chinoises (coronavirus + nouvel an chinois), laissait présager un report des commandes des donneurs d'ordre européens de l'Asie vers le Maghreb.

En mars, l'extension de la crise COVID-19 à l'Europe oblige les magasins à fermer, et les carnets de commandes marocains sont immédiatement impactés.

Enfin, l'arrivée du coronavirus au Maghreb mi-mars met un terme aux espoirs des fabricants marocains de profiter d'un regain d'activité dû à la réorganisation des opérateurs européens...

Car si l'urgence d'un redéploiement hors de Chine des stratégies de sourcing international a été la priorité des supply chain managers au début de la crise, la situation actuelle rebat de nouveau les cartes : tous les pays et tous les maillons de la chaîne sont touchés : tisseurs, fabricants, assembleurs, distributeurs...

D'autant que vient s'ajouter l'impact sur les coûts de transport international, et particulièrement des taux de fret aérien qui battent des records (Ex. >7€ du kilo à destination des États-Unis).

Plus que jamais, la gestion des risques "externes" est devenu un enjeu majeur des responsables supply chain : car dans de telles conditions de crise, même les flux en circuit court peuvent subir des ruptures, en approvisionnement comme en distribution !

Ils vont devoir faire preuve d'agilité et d'ingéniosité pour sécuriser leurs scénarios et optimiser les coûts de transport et de dédouanement des produits, sans compter sur les effets de volumétrie.

C'est peut-être l'occasion de partenariats entre marques de multiples pays, pour fabriquer et distribuer de manière mutualisée des produits somme toute pas si différents les uns des autres ?

Avec la crise du coronavirus, le consommateur aura appris entretemps la différence entre le désir et le besoin, l'accessoire et l'essentiel, l'utile et le vital.

Pour aller plus loin...

Rédacteur(s) : A. LE ROLLAND

Source(s) : www.lavieeco.com