Loi anti-gaspillage : vers un affichage environnemental des vêtements
Atmosphère Internationale
February 2020
Promulguée le 11 février 2020, la loi anti-gaspillage prévoit d'instaurer un étiquetage environnemental sur les vêtements et produits textiles. Reposant dans un premier temps sur le volontariat des marques, cette initiative est une façon d'orienter le consommateur responsable vers les articles les plus respectueux de l'environnement.
Thème : |
RSE internationale |
Pays : |
FRANCE |
Après le Nutri-score des produits alimentaires et l'étiquette énergie des appareils électroménagers, c'est au tour des vêtements et produits textiles d'afficher une étiquette environnementale.
Prévue au programme de la loi antigaspillage pour une économie circulaire parue au JORF du 11 février 2020, cette mesure a pour but d'informer le consommateur sur l'impact environnemental et social des produits et d'orienter son choix.
Régulièrement critiquée pour ses pratiques sociales, l'industrie textile reste également l'une des plus polluantes pour notre planète :
- émission d'1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année (soit plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis) ;
- consommation excessive d'eau ;
- utilisation de pesticides dans les cultures et de produits chimiques dans les teintures, etc.
Qui plus est, on achète aujourd'hui 60% de vêtements en plus qu'il y a 15 ans, et on les conserve moitié moins longtemps... il était temps d'agir !
Quelques enseignes du secteur de la mode s'étaient déjà frottées à l'exercice ces dernières années, sans générer un réel mouvement de fond...
Même si le projet actuel est toujours basé sur le volontariat des marques, le gouvernement aimerait déployer ce système à grande échelle, et qu'à terme, il devienne obligatoire.
Cela devrait être le cas si l'Union européenne adopte une réglementation à ce sujet : pour l'heure, un travail de concertation avec les acteurs de l’industrie de la mode vient d'être lancé pour les 18 prochains mois.
Les prochaines étiquettes devraient arborer une petite planète bleue et afficher une note comprise entre A et E : de A, pour les produits les moins impactants à E, pour les produits les moins respectueux de l'environnement.
Le calcul de cette note tiendra compte
- de tout le cycle de vie du vêtement : des matières premières à la fin de vie, en passant par l'utilisation ou encore le transport ;
- des impacts environnementaux tels que les émissions de CO2, l'épuisement des ressources ou encore la pollution de l'air et de l'eau ;
- de critères sociaux qui restent à définir.
En impliquant ainsi les consommateurs, on vise à les responsabiliser et à orienter leur choix vers des produits plus respectueux de l'environnement : des efforts qui devraient contribuer à atteindre les Objectifs de Développement Durable de l'ONU.
Avis d'expert
70 acteurs de l’industrie textile et l’Ademe se sont donc réunis le 11 février dernier afin d’échanger sur l’élaboration et l’application de l'étiquetage environnemental des vêtements.
Ils se sont engagés sur une expérimentation de notation environnementale de leurs produits sur une période de 18 mois, à l'issue de laquelle sera publié le décret fixant les conditions d'affichage.
Portée par le Ministère de la Transition écologique, cette disposition de la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, pousse le secteur textile-habillement à aller beaucoup plus loin dans la mise en place de solutions d'éco-conception, de sourcing responsable, d'analyse de cycle de vie, d'amélioration de la traçabilité sur leurs produits.
Une tâche qui s'avère ardue dans un secteur globalisé où les étapes de création, conception, fabrication des tissus, montage des produits, finitions et emballage peuvent être éclatées dans plusieurs pays et différents lieux de fabrication... sans parler de la difficulté de retracer les matières premières comme le coton jusqu'à leur source véritable !
Une initiative vertueuse qui verra sans doute bientôt des réglementations équivalentes émerger partout dans le monde, notamment à l'échelle de l'Union Européenne. Mais des questions restent en suspens :
- Comment vérifier la véracité des informations sur lesquelles sera basée la note d'évaluation ?
- Quelles sanctions en cas de fausses allégations ?
- Pourquoi ne pas y avoir intégré l'évaluation des conditions sociales dans lesquelles le produit est fabriqué ?
Reste que l'industrie de la mode, au bord d'une crise profonde liée à la remise en cause du modèle de "Fast Fashion" par des consommateurs de plus en plus responsables, n'a pas vraiment le choix et doit s'investir dans des solutions plus innovantes et transparentes, plus sûres pour l'environnement et le respect des droits de l'homme, quitte à y aller à marche forcée, poussée par de nouvelles obligations réglementaires (hard law).
ACTE International est membre du Global Compact et contribue en interne et dans son écosystème, à l'atteinte des Objectifs du Développement Durable.
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Rédacteur(s) : C. TOZZI | S. THONNERIEUX
Source(s) : 20 minutes
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