Risque éthique : l'Ethiopie, parent pauvre de l'industrie textile...
Atmosphère Internationale
May 2019
Selon un rapport du Centre Stern pour les affaires et les droits de l’homme de l’université de New York, les salariés des usines de vêtements d’Ethiopie sont les moins bien payés au monde.
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ETHIOPIE |
Selon le rapport intitulé « Fabriqué en Ethiopie : les défis de la nouvelle frontière de l’industrie du vêtement »*, les ouvriers du textile éthiopiens gagnent en moyenne 26 USD/mois... C'est bien moins que les ouvriers chinois (326 USD/mois), kenyans (207 USD/mois) ou bangladais (95 USD/mois) !
Dans leur ambition de créer une marque « Made in Ethiopia », le gouvernement, les acteurs locaux et internationaux de la filière textile-habillement éthiopienne n’ont pas prévu que le salaire de base serait trop faible pour que les travailleurs puissent en vivre : « La principale erreur que le gouvernement a faite était d’assurer aux fournisseurs asiatiques et aux acheteurs occidentaux que les opérateurs éthiopiens de machines à coudre seraient dociles avec un faible salaire de base. », indique NYU Stern.
Mais les salariés de la confection, parmi lesquels de nombreuses femmes, précarisés et très peu formés, sont en conflit culturel avec les dirigeants asiatiques des usines...
Conséquences : une productivité médiocre, des grèves à répétition et un fort turn-over.
Dans le Parc industriel de Hawassa (HIP), des usines ont dû remplacer intégralement leur effectif durant la première année en raison des conditions de travail difficiles.
Le gouvernement éthiopien espère cependant que les exportations de vêtements, qui représentent actuellement 145 millions USD/an, grimperont à environ 30 milliard USD... Un objectif qui paraît irréaliste dans le contexte actuel.
* "Made in Ethiopia: Challenges in the Garment Industry's New Frontier" (NYU Stern Center for Business and Human Rights - mai 2019)
Avis de l'expert :
A l'instar du parc Hawassa, 30 parcs industriels doivent être construits en Ethiopie d'ici 2025.
L'angle d'analyse du rapport est intéressant : il vise à alerter sur les écueils des modèles de développement de la filière textile et habillement du Bangladesh, considérée encore aujourd'hui comme non pérenne et souvent non conforme aux exigences de la Loi sur le Devoir de Vigilance (cf. Risque éthique : le Bangladesh toujours dans le rouge).
il s'agit de peser les avantages à court terme de l'apport de travail régulier et d'un salaire fixe à une population qui n'a d'autre option que de vivre dans la précarité, par rapport aux impacts longs termes et effets collatéraux de l'insuffisance de formation, éducation et salaire pour apporter un réel développement au pays.
Les recommandations faites aux donneurs d'odres sont pertinentes et accessibles :
- Privilégier une collaboration de long terme ;
- Assurer un logement décent ;
- Organiser la formation professionnelle augmentant l'employabilité des ouvriers ;
- Promouvoir des Ethiopiens en poste de middle-management ;
- Former et autoriser la négociation collective.
Mais les marges de négociation sont faibles : majoritairement opérées par des Chinois, Indiens et Sri-Lankais les usines jouent la carte du low cost de la main d'oeuvre, matière première locale et des accords préférentiels réduisant la facture douanière des importateurs européens et américains principaux donneurs d'ordre.
Un business model qui ressemble au Bangladesh avec quelques différences majeures :
- Les usines sont flambant neuves ;
- Le pays est sous les feux de nombreux médias depuis l'origine de l'implantation de la filère textile habillement ;
- L'Ethiopie est 114ème sur 180 au classement de l'Indice mondial de Perception de la Corruption (IPC) 2018 (149ème rang pour le Bangladesh) ;
- Le pays est 159ème sur 190 dans l'évaluation DOING BUSINESS (176ème rang pour le Bangladesh) ;
- Les 25000 ouvrièr.e.s du parc Hawassa n'hésitent pas à faire grève.
L'Ethiopie est un pays de sourcing prisé majoritairement par les Etats-Unis, suivis de près par l'Union européenne.
Pour aller plus loin...
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Rédacteur(s) : L. VERBOUW | A. LE ROLLAND
Source(s) : fashionunited.fr | stern.nyu.edu
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