États-Unis / UE : reprise des hostilités commerciales...

Atmosphère Internationale

avril 2019

Commerce international USA / UE

Toujours prêt au combat pour réduire son déficit commercial, Trump a ressorti le vieux dossier des subventions européennes à Airbus, et projette en représailles de taxer les importations de l'UE dès cet été...

Thème :

Commerce international

Pays :

États-Unis / Union européenne

Début avril 2019, le représentant au commerce américain Robert Lighthizer a surpris tout le monde en menaçant l'Union européenne de droits additionnels à l'importation sur le territoire américain.

Une mesure justifiée, selon Washington, par l'octroi illégal de subventions par l'UE à l'avionneur Airbus, fleuron européen de l'industrie aéronautique et premier concurrent de Boeing : ce litige avait été porté devant le tribunal d'arbitrage de l'OMC il y a plus de 14 ans, sans résultat à ce jour !

L'administration Trump a donc décidé de passer outre les prérogatives de l'OMC en se faisant justice elle-même : deux listes de produits qui pourraient être soumis à des droits de douane additionnels à l'importation aux États-Unis ont été publiées*.

  • La première liste vise les importations d'hélicoptère (positions douanières 88.02 et 88.03) et les pays fondateurs d'Airbus : France, Allemagne, Espagne et Royaume-Uni.
  • La deuxième, en revanche, concerne tous les États membres de l'Union européenne et cible des marchandises de natures aussi diverses que le fromage, l'huile d'olive, la confiture, le textile, les produits en céramique, l'outillage...

Aucun taux de surtaxe applicable n'a encore été annoncé à ce jour : le gouvernement américain a déclaré attendre l'aval de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) pour mettre en place ces mesures...

Le pensionnaire de la Maison Blanche reste donc fidèle à son credo en matière de relations commerciales internationales : la meilleure défense, c'est l'attaque !

Par cette posture agressive, le gouvernement américain espère vraisemblablement obliger l'Union européenne à suspendre ses subventions à Airbus.

Rappelons tout même que, un mois auparavant, l'OMC avait jugé les incitations fiscales offertes à Boeing par l'Etat américain comme illégales...

A titre de riposte, la Commission européenne a annoncé vouloir taxer 20 milliards d'importations américaines, ciblant comme précédemment (cf. USA - Chine : un match à coup de mesures protectionnistes...) des produits "made in USA" emblématiques* : agrumes, ketchup, tabac, tracteurs, jeux vidéo... et bien entendu avions et hélicoptères.

* Nous tenons les listes des produits susceptibles d'être soumis à des droits de douane additionnels aux États-Unis et dans l'Union européenne à disposition de nos abonnés sur simple demande.

Avis de l'expert : 

Alors que tout le monde attendait une issue ou un rebondissement dans la guerre commerciale sino-américaine (cf. États-Unis / Chine : nouveau report de la hausse des droits de douane US sur les produits chinois), les États-Unis ont décidé de cibler un autre partenaire en attaquant l'Union européenne.

Toujours juché sur son cheval de bataille (la réduction du déficit commercial américain), Trump n'hésite pas à malmener ses partenaires européens en menaçant d'ériger unilatéralement des barrières tarifaires.

Cela devient presque une habitude : en juin de l'année dernière il avait lancé l'offensive en instaurant une taxe additionnelle sur les importations d'acier et l'aluminium (cf. Commerce mondial : jusqu’où ira le protectionnisme américain ?).

Puis Washington avait annoncé envisager d'imposer de nouveaux droits de douane sur les véhicules automobiles... option non écartée encore aujourd'hui (cf. Commerce international : pas de répit pour les opérateurs en 2019 !).

Ces dernières salves, si elles se concrétisent, seront un nouveau coup dur pour les opérateurs européens du commerce international qui travaillent avec les États-Unis ! Les supply chains devront, une fois de plus, se montrer agiles et adapter leurs stratégies commerciales et/ou d'approvisionnement.

Cependant, sans aucune information sur le taux applicable envisagé, il est pour l'instant impossible de calculer l'impact potentiel de telles mesures sur le coût de revient...

Notons au passage qu'il n'y a quasiment aucune chance pour que le Président américain tienne réellement compte d'un avis défavorable de l'OMC (cf. Commerce international : les États-Unis rebattent les cartes des accords commerciaux) !

Étant donné la nature conflictuelle des relations entre les deux parties, un accord commercial de fond semble peu probable à court terme. A Bruxelles, des voix s'élèvent d'ailleurs, affirmant ne pas vouloir négocier avec "un pistolet sur la tempe".

En avant-première, la saga de l'été sera donc probablement  "Donal Trump vs Le reste du Monde : Saison 2"... A moins que "Brexit : le retour 3" ne lui vole la vedette (cf. BREXIT : reculer pour mieux... reculer ?) !

Pour aller plus loin...

Source(s) : www.lesechos.fr

Rédacteur(s) : J. BONNETON / M. ANTIER