Grand export : l'Union européenne fait tomber les barrières...

Atmosphère Internationale

juillet 2018

Export UE

Dans son récent rapport, la Commission européenne répertorie les barrières protectionnistes mises en places en 2017 par les pays tiers, entravant les exportations européennes. Elle détaille aussi les 45 barrières qu'elle a réussi à abolir.

Thème :

Commerce international

Pays :

UE / MONDE

Grâce à l'outil en ligne "Report Export Barriers" qui encourage les entreprises à communiquer sur les barrières rencontrées lorsqu'elles exportent leurs produits vers des pays tiers, l'Union européenne peut ainsi dresser le constat des différentes mesures protectionnistes et surtout agir pour les supprimer.

Fin 2017, l'Union européenne recense 396 barrières au commerce et à l'investissement, un triste record historique pour les opérateurs du commerce international.

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Ce chiffre vient confirmer la montée du protectionnisme mondial : les pays cherchant toujours à protéger leur économie.

Le trio de tête est, sans grande surprise, composé de la Russie, de la Chine et de l'Indonésie qui sont les pays ayant le plus de mesures protectionnistes en vigueur fin 2017.

En 2017, 67 nouvelles mesures restrictives ont été adoptées par 39 pays, dont 10 pour la Chine, 6 pour la Russie et 4 pour l'Afrique du Sud.

Le secteur le plus touché est celui de l'agriculture et de la pêche, concerné à lui seul par 23 nouvelles mesures en 2017.

Durant cette même année, l'Union européenne a réussi à éliminer partiellement ou totalement 45 barrières : l'élimination de ces obstacles a généré 4.8 milliards d'euros supplémentaires d'exportation sur une année. 

Un travail de longue haleine mais qui porte ses fruits et permet aux entreprises européennes de maintenir leurs parts de marché sur le grand export.

Avis de l'expert : 

Attention, toutes les barrières ne sont pas forcément comptabilisées !

En effet, certaines entreprises peuvent rencontrer des obstacles lors de leurs échanges avec des pays tiers sans forcément les signaler à la Commission européenne, soit par méconnaissance des recours possibles, soit parce qu'elles pensent pouvoir outrepasser rapidement ces difficultés de manière autonome... 

Mais l'outil mis en ligne par la Commission européenne va clairement dans le bon sens : en permettant aux opérateurs européens de dénoncer des pratiques anti-commerciales, le formulaire de signalement permet de tisser des liens directs entre entreprises et instances communautaires.

En plus de sa mission visant à réduire les freins à l'exportation, la Commission négocie des accords de libre-échange avec ses partenaires privilégiés (Canada, Japon, Vietnam,...), intensifie les pourparlers bilatéraux avec certains pays ou unions douanières (Mercosur) et ouvre le dialogue avec d'autres (Australie, Nouvelle-Zélande,...). Cela montre la volonté d'ouverture de l'Union européenne et sa détermination à ne pas se plier au protectionnisme ambiant (cf. Atmosphère Internationale de juillet 2018) !

En effet, en 2017 de nombreux pays tels que la Russie, la Chine ou l'Inde ont clairement cherché à entraver les importations des biens et services et à protéger leurs marchés intérieurs par la mise en place brutale de réglementations complexes et discriminatoires : un véritable casse-tête pour les exportateurs qui se doivent d'être en veille permanente sous peine de voir leurs marchandises bloquées aux frontières.

Une tendance qui, selon le rapport de la Commission européenne, se propage très rapidement au sud et à l'est de la méditerranée : en raison de la baisse des recettes liées au pétrole et au gaz, de nombreux pays du Maghreb et du Moyen-Orient ont vu le déficit de leur balance commercial se creuser. Pour certains, la fermeture aux importations est devenue la règle, ce qui s'est traduit par une augmentation des mesures restrictives.

La Commission européenne en a comptabilisé 7 nouvelles en 2017 sur cette zone, principalement au Liban (2), en Tunisie (2), en Israël, en Algérie et en Egypte. Une tendance qui devrait s'accentuer fortement en 2018 puisque l'Algérie a littéralement interdit l'importation de nombreux produits sur son territoire depuis le début de l'année (voir ACTualité de mai 2018), position également adoptée par l'Iran, ainsi que la Tunisie et l'Egypte dans une moindre mesure.

Au niveau mondial, 2018 pourrait donc être une année record pour le nombre d'atteintes au principe de libre-échange et aux règles commerciales internationales ! Une situation préoccupante pour les équilibres mondiaux que les Etats-Unis n'hésitent pas à rendre explosive en dénonçant systématiquement les accords commerciaux, et en instaurant unilatéralement des barrières tarifaires sur les importations (cf. Atmosphère Internationale de juin 2018) !

En attendant, nous ne pouvons qu'encourager les entreprises françaises et européennes à utiliser l'outil en ligne "Report Export Barriers" pour alerter la Commission européenne sur les situations problématiques rencontrées.

Pour aller plus loin...

Source(s) : trade.ec.europa.eu

Rédacteur(s) : J. BONNETON