Commerce international : les États-Unis rebattent les cartes des accords commerciaux

Atmosphère Internationale

mai 2018

Commerce USA Monde

Depuis son arrivée à la maison blanche, Donald Trump mène la vie dure aux partenaires économiques des États-Unis dans le but de réduire le déficit de la balance commerciale américaine, au risque de déclencher une guerre commerciale à l'échelle mondiale.

Thème :

Commerce international

Pays :

USA / MONDE

Les offensives commerciales de Donald Trump ont été lancées tous azimuts avec des résultats inégaux :

  • La Corée du Sud vient d'accepter d'ouvrir son marché automobile aux constructeurs américains : elle se dit prête à continuer de payer 25% de droits de douane sur les véhicules automobiles de type pick-up, et à réduire de 30% ses exportations d'acier vers les États-Unis.
  • A contrario, le Japon a informé l'OMC le 18 mai dernier de nouvelles taxes probables sur les marchandises américaines en représailles aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium japonais.
  • Les États-Unis exigent de la Chine une réduction de 200 milliards USD de leur déficit commercial, déficit qui a atteint 375 milliards en 2017.

    La Chine a menacé les États-Unis de représailles sur les produits agricoles américains : après de nombreux mois de tensions et de menaces de part et d'autre, les deux pays ont fini par trouver, le 20 mai dernier, sinon un accord, du moins un consensus. De fait, la menace d'une augmentation réciproque des barrières tarifaires semble pour le moment écartée.

    Pour prouver sa bonne volonté, la Chine a d'ailleurs annoncé la levée de la mesure anti-dumping prise en avril contre les importations de sorgho américain. Pour leur part, les Américains ont promis de supprimer les 50 milliards USD de droits de douane annoncés pour avoir organisé des transferts de technologie dans le cas de l'entreprise de téléphonie chinoise ZTE.
  • Les relations sont toujours tendues avec le Canada et le Mexique dans cette période de "modernisation" de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) entré en vigueur en 1994.

    Au coeur des discussions, l'industrie automobile : les Américains veulent que les voitures assemblées au Canada et au Mexique soient composées en majorité de pièces fabriquées aux États-Unis. 

    Deux approches s'opposent outre-Atlantique : ceux qui veulent conclure un nouvel accord le plus vite possible afin de dissiper l'incertidude et de relancer rapidement l'investissement, et ceux qui veulent prendre le temps de renégocier l'accord en profondeur en mettant sur la table les sujets épineux tels que la politique agricole et la propriété intellectuelle.

    Malgré des avancées certaines sur d'autres sujets, la "sunset clause" demandée par Washington pour soumettre l'accord ALENA à une révision quinquennale reste un point de discorde entre les États-Unis et le Canada. Le ministre de l'économie mexicain refuse pour sa part toute forme d'accord qui engendrerait une perte d'emplois au Mexique.
  • L'Union européenne a, quant à elle, entamé une procédure officielle visant à activer la "loi de blocage" pour permettre aux entreprises et tribunaux européens de se soustraire aux sanctions extra territoriales imposées aux sociétés ayant un lien commercial avec la République islamique d'Iran.

    D'autre part, des droits de douane additionnels pourraient bien être instaurés par l'UE dès le 20 juin 2018 en réponse à l'augmentation des taxes à l'importation sur les produits sidérurgiques. Les secteurs d'activité potentiellement concernés sont multiples : agro-alimentaire, cosmétique, textile-habillement, sport,... pour ne citer qu'eux.

Avis de l'expert : 

Donald Trump n'hésite pas à mettre en œuvre à l'international son programme de campagne dont le slogan était "America first" !

Sur le front de l'ALENA, les négociations continuent avec le Canada et le Mexique, mais toujours aucune avancée majeure après 9 mois et 8 rounds de négociations  (cf. Atmosphère Internationale de février 2017)... A priori, rien ne sera conclu avant les élections présidentielles au Mexique en juillet prochain, et les élections de mi-mandat américaines de novembre 2018. 

La trève adoptée entre les Etats-Unis et la Chine serait-elle un aveu d'impuissance de la part de la première puissance mondiale ?

En réalité, l'objectif de réduction du déficit commercial de 200 milliards USD ne peut pas être atteint avec la Chine qui achète déjà une grande partie de la production américaine de soja ou de semis-conducteurs. Il faudrait que les Etats-Unis fabriquent plus et ne vendent qu'à la Chine pour espérer rééquilibrer la balance commerciale... ou que les Américains consomment beaucoup moins pour réduire les importations chinoises !

Cela ne règle d'ailleurs pas les problèmes de fond liés au plan stratégique "Made in China 2025", qui prévoit une forte montée en gamme de l'activité industrielle de la Chine (cf. Atmosphère Internationale de novembre 2017). Ce qui pourrait accroître la facture des importations américaines et venir challenger certains secteurs clés (automobile, high-tech,... ) en termes de parts de marché à l'international !

Dans l'immédiat, un resserrement des relations commerciales bilatérales Chine / USA pourrait déséquilibrer de nombreuses économies. En effet, si la Chine décidait de privilégier les États-Unis pour ses importations, cela se ferait forcément au détriment d'autres partenaires...

La grande perdante ne serait-elle pas l'Union européenne ? Les arrangements que sont en train de conclure les Etats-Unis et la Chine pourraient en effet impacter les parts de marché export de l'UE vers l'un et l'autre...

Notons au passage que, si elles étaient effectivement mises en place au mois de juin, les mesures de rétorsion prévues par Bruxelles à l'encontre des importations américaines affecteraient directement les importateurs européens en augmentant leur facture douanière !

Le tweet de D. Trump de mars dernier disait : "Quand un pays (les Etats-Unis) perd des milliards de dollars en commerçant avec virtuellement tous les pays avec lesquels il fait des affaires, les guerres commerciales sont bonnes et faciles à gagner". Le moins que l'on puisse dire à ce stade, c'est qu'il a amené les principales puissances économiques sur le champ de bataille !

Pour aller plus loin...

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Rédacteur(s) : D. CAMMARANO

Source(s) : Divers media