Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème SOCIAL / ETHIQUE - ENVIRONNEMENT
 Pays CHINE  Date mars 2010

Pénurie d'ouvriers en Chine : vers une revalorisation du salaire minimum ?

Synthèse : A l'automne 2008, le fort ralentissement économique avait contraint bon nombre d'usines chinoises à licencier massivement. Le gouvernement avait alors gelé les salaires minimum pour réduire la pression sur les industriels et contenir l'hémorragie de l'emploi. Mais depuis un an, les chiffres sont largement repassés dans le vert, avec des exportations en progrès de 45% et une croissance globale annuelle de 8%.

En ce début d'année 2010, la reprise a été confirmée par l'explosion des carnets de commande des usines. Conséquence directe : la main d'œuvre fait défaut, en particulier dans les provinces les plus productives, avec notamment 400 000 emplois à pourvoir dans le Zhejiang et 900 000 dans le Guangdong.

Afin d'inciter les travailleurs à s'orienter vers les usines, les autorités locales ont pris des mesures en faveur d'un relèvement du salaire minimum, jusqu'alors plutôt bas dans l'ensemble des provinces.
Autre bénéfice attendu, une hausse du pouvoir d'achat censée stimuler la consommation : le gouvernement chinois cherche ainsi à maintenir la croissance du pays qui risquerait de s'essouffler en reposant uniquement sur le dynamisme des exportations.
Avis de l'expert : La réalité du marché du travail en Chine permet de comprendre cette pénurie de main d'œuvre : les "mingong", travailleurs migrants non qualifiés venus des provinces rurales, sont mal rémunérés (souvent payés à la pièce et non selon le salaire minimum) pour un travail pénible, parfois 7 jours / 7 et sans avantages sociaux malgré la récente réforme du travail.
Cette année, seulement 62% des migrants étaient certains de revenir à l'usine après la coupure du nouvel an chinois. Il faut dire qu'avec la reprise économique, les ouvriers peuvent plus facilement trouver des emplois près de chez eux : les revenus sont inférieurs mais les conditions de vie meilleures.

Le problème est aussi structurel, car la génération de "l'enfant unique" ne permet pas de faire face à une demande exponentielle, surtout que la jeune génération urbaine et éduquée préfère se tourner vers les métiers du tertiaire. Il se peut que certaines entreprises en viennent à "délocaliser" dans les provinces intérieures, pour aller chercher la main d'œuvre bon marché sur place.
On peut s'attendre toutefois à ce que l'augmentation du coût de main d'œuvre se répercute sur les prix d'achat… à moins que les prix se maintiennent, au détriment de la qualité !
Espérons que les ouvriers en capacité de choisir leur employeur se tourneront majoritairement vers ceux qui offrent les meilleures conditions de travail : un levier potentiel pour dynamiser l'avancée sociale au sein des usines chinoises.

Pour être à la page sur les questions sociales de vos pays de sourcing, ACTE International vous propose les fiches PROFIL SOCIAL PAYS, détaillant l'essentiel des législations du travail et les revenus minimum.
Imprimer  E. REBOULET / D. LARZUL
Source(s) : Divers media (mars 2010)
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