Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème ECONOMIE
 Pays CHINE / MONDE  Date février 2010

La Chine joue les équilibristes entre croissance et inflation ...

Synthèse : Le gouvernement chinois a annoncé une croissance du crédit "mesurée et stable" en 2010 afin d'éviter tout risque de surchauffe : une expression très politiquement correcte qui se traduit déjà par un sérieux coup de vis sur les prêts bancaires : leur volume a baissé de 13,9% (36 milliards d'euros) en janvier 2010 par rapport à janvier 2009.

Après avoir ouvert en grand les vannes du crédit en 2009 afin de relancer la croissance économique du pays, la Chine s'inquiète des poussées inflationnistes : les prix à la consommation, repartis à la hausse dès novembre 2009, ont augmenté de 1,5% en janvier dernier.
La Chine craint également les bulles spéculatives, notamment dans l'immobilier.

Le patron de la Commission de régulation bancaire a fixé un plafond annuel des crédits en 2010 à près de 7 500 milliards de yuans (773 milliards d'euros) : c'est 20% de moins qu'en 2009 !

Pour aller dans le même sens, la banque centrale de Chine a également entrepris de resserrer le contrôle monétaire en augmentant, pour la seconde fois en l'espace d'un mois, le taux de réserves obligatoires des banques afin de limiter les fonds disponibles pour les prêts.

Avis de l'expert : Le gouvernement chinois a misé sur les crédits en 2009 afin de soutenir la reprise économique.
Les taux d'intérêt très bas, à l'origine des pressions inflationnistes, ont par ailleurs incité les ménages et les entreprises à se tourner vers des actifs plus rémunérateurs comme les actions et l'immobilier. Conséquence directe, les prix de l'immobilier ont augmenté de 9,5% sur un an.

Cette situation pousse les autorités chinoises à la vigilance ... mais pas seulement !

En effet, la Chine est un des rares pays a avoir renoué avec une croissance à deux chiffres fin 2009 et sa demande tire les autres pays hors de la crise. C'est notamment le cas des Etats-Unis, son principal fournisseur en biens d'équipement industriels.
Exception faite de l'Inde et du Brésil qui ont pu s'appuyer sur leur marché intérieur, très peu de pays sont en aussi bonne situation pour sortir de la récession.
Les marchés financiers craignent donc qu'en bridant son économie, la Chine freine indirectement la reprise mondiale.

La Chine fait peur quand elle va bien et inquiète quand elle freine sa croissance ... de quoi en perdre son mandarin !

La sous-évaluation du yuan fait encore débat aujourd'hui : les Etats-Unis entre autres, accusent la Chine de maintenir sa monnaie à un niveau de parité avec le dollar US extrêmement bas afin de doper ses exportations.
En attendant, les deux économies restent étroitement liées : les Etats-Unis pèsent lourd dans la balance commerciale extérieure chinoise tandis que la Chine à la mainmise sur les créances américaines ... Ne nous y trompons pas, il ne s'agit là en aucune façon d'un partenariat solide : les nombreuses escarmouches échangées sur le terrain politique sont là pour nous le rappeler.

On peut néanmoins faire confiance au gouvernement chinois pour ajuster sans états d'âme tous les curseurs dont il dispose afin de maintenir simultanément la croissance économique et la paix sociale dans son pays.
Imprimer  D. CAMMARANO
Source(s) : La Tribune (12/02/2010)
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