Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème SOURCING / RSE INTERNATIONALE
 Pays EUROPE / ASIE  Date juin 2014

Textile Europe de l'Est : le salaire de la sueur !

Synthèse : Plus responsable de fabriquer "made in EU" ? Pas forcément ! Plus politiquement correct, sûrement… mais peut-être pas pour longtemps. L'ONG Clean Clothes Campaign présente dans son rapport 2014 une cartographie des salaires minimum et des conditions de travail dans les pays de l'Est. Quand le salaire minimum légal devient un plafond plus qu'une base, il est urgent d'agir !

Le rapport compare 9 pays d'Europe de l'est (dont 4 Etats membres de l'UE)* et 3 régions de Turquie** aux grands pays producteurs de textile en Asie.

Pour plus de la moitié d'entre eux, le salaire minimum appliqué, heures supplémentaires comprises, représente moins de 20% du salaire de subsistance estimé.
Une situation plus critique que dans certains pays d'Asie comme la Malaisie (54%), la Chine (46%), l'Indonésie (31%) ou l'Inde (26%)... voire le Bangladesh où le salaire minimum couvre 19% du salaire "vital" !

Les femmes d'Europe de l'est et de Turquie occupent systématiquement des postes d'ouvriers non qualifiés, et sont majoritairement rémunérées à la pièce. Il n'est pas rare que des jours de congés leur soient "confisqués" en échange d'un paiement complet du salaire minimum, lorsque celui-ci n'est pas atteint sur la base du nombre de pièces fabriquées : une situation assimilable à du travail forcé quand le salaire perçu représente le seul revenu stable et assorti de sécurité sociale de toute une famille.

Les mouvements migratoires dans ces pays ont largement facilité ces pratiques, car les populations migrantes représentent une main d'œuvre plus docile, moins exigeante et plus dépendante.

Ce bilan est assorti de deux recommandations principales à l'attention des Etats concernés, de l'Union européenne et des donneurs d'ordre internationaux :
  • L'urgence d'appliquer un salaire minimum de subsistance correspondant au moins à 50% du salaire moyen national, hors heures supplémentaires, bonus et autres avantages.
  • La nécessité de réviser les salaires minimum légaux et d'en rétablir les règles de fonctionnement : ceux-ci doivent être considérés comme une base de départ qui doit évoluer et non un maximum fixe et non révisable.
Rapport "STITCHED UP" 2014 de Clean Clothes Campaign à disposition de nos abonnés sur simple demande.

* Bulgarie (UE), Ukraine, Croatie(UE), Géorgie, Macédoine, Moldavie, Roumanie(UE) et Slovaquie(UE)
** Anatolie de l'est et Istanbul

Avis de l'expert : Clean Cloth Campaign en profite pour rappeler la définition et les critères de calcul du salaire minimum de subsistance, ou salaire vital : une notion qui prend son sens en période de ralentissement économique où les prélèvements, taxes et impôts s'envolent alors que les salaires restent stables.

La situation dans les pays de l'Est s'est énormément dégradée depuis 15 ans suite à la sortie de l'ère postsocialiste dont les donneurs d'ordre ont largement bénéficié.

Ajoutez une bonne dose de corruption au sein d'une administration peu regardante, et tous les ingrédients sont présents pour un risque éthique et social majeur !

Les sourcings "européens" sont considérés à faible risque social comparativement aux pays asiatiques, mais les relocalisations en cours justifient ce grand coup de projecteur de l'ONG qui n'hésite pas à citer les principales marques qui s'approvisionnent dans ces pays, et va jusqu'à comparer l'évolution de leur CA avec celle des niveaux de salaire pratiqués par leurs fournisseurs...

A lire sur notre site web : compte rendu du colloque RSE Internationale organisé par ACTE International le 03/0602014.


Prochain webinar gratuit sur la thématique RSEE / SOURCING :
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : Clean Clothes Campaign (juin 2014)
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