Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème LOGISTIQUE / TRANSPORT INTERNATIONAL
 Pays MONDE  Date décembre 2009

Transport maritime international : bilan 2009 et perspectives pour 2010 ...

Synthèse : A quelques jours de la fin de l'année, il est temps de faire le bilan de l'évolution du fret maritime en 2009 et d'évoquer les perspectives pour 2010 : ce retour en arrière permettra de vérifier si nos prévisions mensuelles ont été confirmées dans le temps, quels sont les facteurs qui ont impacté le secteur et comment le contexte actuel nous permet d'envisager l'année à venir ...
Avis de l'expert :

1- Rétrospective 2009 :

TAUX
JAN
FEV
MAR
AVR
MAI
JUN
JUL
AOU
SEP
OCT
NOV
DEC
EUR/USD 1,29 1,26 1,30 1,32 1,34 1,40 1,43 1,41 1,46 1,50 1,49 1,47
BRENT 44,54 43,80 43,56 51,93 56,62 68,61 70,68 72,40 67,45 78,39 80,01 75,97
Fret ALL IN

Légende :
  • EUR/USD : € = 1 USD

  • BRENT : USD/baril

  • Fret ALL IN : trafics conteneurisés entre l’Asie et l’Europe, surcharges BAF et CAF incluses


  • Taux de fret :

    Sur le plan général, on constate que les taux de fret "ALL IN" ont suivi une tendance à la baisse durant tout le premier semestre 2009, à l'exception du mois d'avril, période qui a initié les hausses continuelles du second semestre.

    Plus précisément : la fin des conférences maritimes, décidée par Bruxelles pour mettre fin aux ententes sur les prix, et la crise économique on fait chuter les taux de fret de base de manière vertigineuse fin 2008.
    La tendance a été confortée début 2009 par l'arrivée de nouveaux gros porte-conteneurs qui ont conduit certains armateurs à casser les prix pour remplir les navires. La chute des taux s'est donc poursuivie jusqu'au mois d'avril.
    Résultat : certaines compagnies ont dû mettre fin à leur activité de transport maritime conteneurisé. D'autres affichent des pertes astronomiques : Maersk, Hanjin CMA-CGM ont annoncé des pertes dépassant les 500 millions de dollars au premier semestre 2009 ...

    Toutes ont donc décidé de remonter le niveau des taux. Contre toute attente, sans être démesurée, cette hausse est appliquée de manière régulière tous les mois, voire 2 fois par mois depuis juillet.
    Au risque de manquer une opportunité d'augmenter leurs taux, la plupart des armateurs refusent de négocier des taux à 3 mois ... et ceux qui y consentent n'hésitent cependant pas à dénoncer les taux négociés pour suivre les fluctuations à la hausse du marché !
    Prenons l'exemple d'un 20' en provenance de Shanghai à destination de FOS.
    Le taux ALL IN du fret (surcharges comprises) pour le même armateur, a varié sur l'année de la manière suivante :
    2009 Taux ALL IN Progression (/janvier)
    Janvier 485 USD  
    Août 1 200 USD + 147%
    Décembre 1 590 USD + 228%
    La présentation des taux a également évolué dans le courant de l'année avec, en début d'année, des taux facturés au détail (taux de fret de base + surcharges) puis, petit à petit, des taux plus ou moins ALL IN selon les compagnies ...
    Ces différentes méthodes de facturation, avec l'évolution régulière des taux, a considérablement impacté le travail administratif (mise à jour des taux, saisie informatique…) des opérateurs de la chaîne internationale (compagnies, chargeurs, commissionnaires de transport, ...).

    Surcharges :

  • BAF et CAF :

    Indexées respectivement sur le cours du baril de Brent et sur la parité EUR/USD, la BAF et la CAF ont baissé de manière régulière jusqu'au mois de mai : jusqu'à -50% pour la BAF et -35% pour la CAF en janvier.
    A partir du mois de juin, les niveaux n'ont cessé d'augmenter :

    A environ 45 USD en janvier 2009, le prix du baril de Brent a atteint les 70 USD à partir de juillet et flirte désormais avec les 80 USD depuis le mois d'octobre.
    Nos prévisions de prix moyen du baril de Brent estimées à 35 USD sur 2009, basés sur une analyse de Morgan & Stanley, se sont donc avérées fausses avec un prix moyen annuel à ce jour de 65 USD/baril.

    De la même manière, la parité EUR/USD s'est située entre 1,25 et 1,35 USD/1 EUR jusqu'à mai, pour remonter jusqu'à 1,40 et 1,50 depuis.
  • Surcharge PSS, le retour :

    Probablement une augmentation déguisée, mais en général mieux acceptée par les chargeurs qu'une simple augmentation de taux, les armateurs ont réintroduit la " Peak Season Surcharge " en août dernier.
    Entrée en application au 1er août, elle subissait sa première hausse à peine 15 jours après. Depuis, elle a été intégrée dans les taux de fret " all in ".


  • Les surcharges nées en 2009 :
    La surcharge Golfe d'Aden (AGS ou APC) est applicable depuis janvier 2009. Elle permet de compenser la hausse des primes d'assurance du fait de la recrudescence des actes de piraterie au large de la Somalie.

    Dès mi 2009, certains armateurs ont choisi d'appliquer une nouvelle surcharge, la FRC (Fuel Recovery Charge) afin de coller à l'augmentation du cours du pétrole sans augmenter leurs taux " all in " qui incluaient déjà la BAF.

    Ces 2 surcharges sont toujours en vigueur.
  • Qualité de service :

    La crise du secteur maritime ne pouvait pas être sans impact sur la qualité du service ...
    Dès les premiers mois de l'année, la plupart des armateurs ont procédé à des annulations de service Asie/Europe, au profit de voyages plus rentables tels que Asie/ Asie ou Asie/Moyen-Orient.
    Les transit times ont été rallongés pour favoriser les économies d'énergie, les routings ont été modifiés pour optimiser les voyages, les départs de navires retardés pour augmenter la rentabilité. Les bureaux de nombreux armateurs, notamment à Fos/Marseille et à Paris ont fermé.

    Ces derniers mois, la plupart des armateurs ont favorisé les co-chargements afin de mutualiser leurs charges, ce qui leur a permis de réduire l'offre et donc de faire remonter le niveau des taux de fret.
    Certains bateaux sont en rade dans des ports de transbordement comme Singapour. D'autres encore ont été envoyés à la casse.

    On commence également a expérimenter des pénuries de certains types de conteneurs (40' et HC) au départ de Chine. Certains conteneurs doivent actuellement être renvoyés à vide en raison du faible volume des exportations au départ de l'Europe.



    2- Prospective 2010 :

    Force est de constater que l'impact de la crise économique a eu des répercussions dramatiques sur le transport maritime.

    Durant la dernière période d'euphorie, de nombreux armateurs s'étaient lancés dans une stratégie d'expansion de leurs flottes : commande et mise en service de porte-conteneurs géants (jusqu'à 13 000 EVP), investissements massifs dans le développement des terminaux portuaires, ...

    En 2010, les compagnies maritimes vont devoir se concentrer prioritairement sur le retour à l'équilibre opérationnel : elles semblent bien parties dans cette direction ...
    Si nous avons atteint le niveau le plus bas depuis ces 15 dernières années en matière de taux de fret, il est probable que nous repartions dans l'autre sens donc courant 2010 : les compagnies ont suffisamment prouvé par le passé que la modération, dans un sens comme dans l'autre, n'était pas leur fort !

    En matière de qualité de service, il faudra s'attendre en revanche à ce que le niveau général continue à tendre vers le bas (suivi, délais d'embarquement, de livraison, ...). Certaines compagnies arrivaient encore à faire la différence début 2009, mais sont rentrées dans le rang au cours de l'année ...

    2010 devrait voir une reprise progressive des échanges mondiaux.

    Certains projets de développement (infrastructures portuaires, sécurisation…) redeviendront des priorités, rendus indispensables par les nouveaux défis d'une mondialisation qui n'a pas arrêté son expansion pour autant.
    En effet, les ports doivent se moderniser pour accueillir les nouveaux géants des mers, réduire les temps de traitement et aussi prévoir des systèmes de sécurisation contre les actes terroristes en accord avec les normes SAFE promulguées par l'OMD.

    Le respect de l'environnement est aussi un enjeu majeur des prochaines années. Le transport maritime représente actuellement 90% du commerce mondial et 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre. Le secteur propose une réduction de 20% d'ici à 2020, principalement grâce à des mesures techniques (conception des bateaux, réduction de la vitesse).

    Cette réduction sera fixée suite au sommet climatique de Copenhague et mise en œuvre par l'OMI.
    Et pourquoi pas une nouvelle surcharge ?… Il est question actuellement à Copenhague d'une taxe sur le transport maritime ... à suivre !
    Imprimer  D. CAMMARANO
    Source(s) : Réseau ACTE International (2009)
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