Atmosphère Internationale
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 Thème SOCIAL / ETHIQUE / ENVIRONNEMENT
 Pays MONDE  Date juillet 2014

"Better Life Index" de l'OCDE : vivre mieux… avec ou sans le Foot !

Synthèse : Profitant de la tribune médiatique offerte par la Coupe du Monde de football au Brésil, l'OCDE a récemment mis en ligne la version en langue portugaise de son "Indicateur du Vivre Mieux" (Better Life Index). Histoire de montrer qu'au-delà de ce sport quasi-universel, il y a bien d'autres éléments qui entrent en compte dans la perception de la qualité de la vie de tout citoyen du monde !

Cet indicateur a été créé en 2011 pour faire participer les citoyens au débat de la mesure du bien-être des sociétés, en complément de celui de leur richesse, matérialisé par l'indicateur PIB (Produit Intérieur Brut).

11 dimensions regroupant 19 variables ont été retenues comme essentielles au bien-être en termes de conditions de vie matérielle (emploi, logement, revenu) et de qualité de vie (liens sociaux, enseignement, environnement, équilibre travail-vie privée, gouvernance, santé, satisfaction et sécurité).

Des données statistiques officielles, nationales et internationales permettent de visualiser le positionnement moyen de chaque pays membre au regard de ces critères sur le site web de l'OCDE.

Particularité de cet indicateur, il est évolutif et collaboratif : chaque individu peut créer son propre indicateur en classant les critères selon l'importance qu'il leur accorde. Les contributions des citoyens de nombreux pays ont ainsi été collectées, offrant une vision large de ce qui fait le bien-être collectif d'un pays à l'autre.
On peut également comparer les résultats entre hommes et femmes, voir l'impact du statut économique et social, comparer jusqu'au niveau régional...

L'objectif de cette démarche pour l'OCDE est de disposer à terme de données pour conseiller les pouvoirs publics nationaux sur les priorités à mettre en œuvre pour offrir une meilleure qualité de vie à leurs citoyens.
Avis de l'expert : Pour que son message ait plus d'impact, l'emblématique Pelé a été mis à contribution lors du lancement de la campagne vidéo multilingue courant juin.

Salué au moment de sa création comme l'alternative tant attendue au recours systématique au critère du PIB pour évaluer la richesse d'un pays, cet indicateur synthétique de bien-être n'a pourtant pas révolutionné la planète à ce jour !
Avec 60 000 contributions individuelles en 3 ans, on est loin de l'outil universel que souhaitait promouvoir l'OCDE pour changer la vision du monde...

Le "Better Life Index" avait été critiqué pour plusieurs raisons lors de sa création en 2011 :
  • Il ne couvre que les membres de l'OCDE, majoritairement des pays développés et émergents, ainsi que des pays associés comme le Brésil et la Russie.
  • Les variables choisies correspondent à une vision anglo-saxonne, plutôt individualiste et matérialiste de la notion de bien-être (d'où le bon "classement" des Etats-Unis, Canada, Australie, etc.).
  • Peu de place pour des critères de responsabilité sociétale comme la protection de l'environnement, les couvertures sociales et, d'une manière générale, tout ce qui relève de la pauvreté et des inégalités.
  • D'autres critères, fondateurs de la notion de bonheur dans beaucoup de civilisations, tels que la spiritualité et la famille, sont absents.
L'OCDE avait bien annoncé que les critères choisis correspondaient à une vision de la qualité et des conditions de vie actuelles (2011) et qu'ils pouvaient être complétés à l'avenir par des indicateurs décrivant le bien-être sur la durée. Pour le moment, pas de changement dans la liste des indicateurs…

Peut-être que l'intégration de critères plus en phase avec les aspirations du développement durable, correspondant à des valeurs encore plus universelles, partagées par un plus grand nombre, réveillerait le manque d'engouement manifeste des citoyens du monde pour ce "Better Life Index" et pourraient effectivement en faire un outil fiable de mesure du vivre mieux.
Imprimer  A. LE ROLLAND / S. THONNERIEUX
Source(s) : OCDE (juin 2014)
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