Atmosphère Internationale
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 Thème COMMERCE INTERNATIONAL
 Pays AFRIQUE  Date juin 2015

TFTA : vers une intégration économique du continent africain ?

Synthèse : Réunis à Charm el Cheikh (Egypte), le 10 juin dernier, les chefs d'Etats et de gouvernements des 26 Etats membres des blocs économiques de l'EAC*, du COMESA** et de la SADC*** ont signé une déclaration créant la Tripartite Free Trade Area (TFTA).

Ce traité de libre-échange qui englobera quasiment la moitié du continent africain prévoit notamment :
  • l'élimination progressive des barrières tarifaires et non-tarifaires sur les marchandises et la libéralisation des services,
  • la création d'un tarif douanier unifié vis-à-vis de l'extérieur,
  • la création d'institutions dédiées.
Pour entrer en vigueur, le traité devra être ratifié d'ici juin 2017 par les Parlements respectifs des 26 Etats, regroupant à ce jour plus de 625 millions d'habitants pour un PIB d'environ 900 Milliards EUR (UE 28 : 500 millions habitants pour un PIB de 14 000 Milliards EUR).

Actuellement, seuls 12% environ des échanges commerciaux en Afrique ont lieu entre pays du continent, contre 55% en Asie et 70% en Europe.

* EAC (East African Community) : Burundi, Kenya, Ouganda, Rwanda et Tanzanie.

** COMESA (Common Market of East and Southern Africa) : Burundi, Comores, RDC, Égypte, Érythrée, Éthiopie, Kenya, Libye, Madagascar, Malawi, Maurice, Rwanda, Seychelles, Soudan, Soudan du Sud, Swaziland, Ouganda, Zambie et Zimbabwe

*** SADC (South African Development Community) : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar, Malawi, Ile Maurice, Mozambique, Namibie, RDC, Seychelles, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.

Avis de l'expert : Un accord essentiellement politique qui risque d'avoir du mal à se concrétiser, tant la tâche semble immense : les 26 Etats signataires (sur les 54 que compte le continent africain) doivent encore harmoniser leurs réglementations fiscalo-douanières (le calendrier "de démantèlement des barrières douanières" n'a pas encore été établi)...

A l'exception du Maghreb, le délai de dédouanement moyen pour des marchandises à l'importation en Afrique est actuellement de l'ordre d'un mois.

Par ailleurs, les trois régions économiques impliquées n'ont pas encore achevé leur propre intégration, ce qui laisse craindre des difficultés pour la mise en place d'une méga-entité telle qu'envisagée par l'accord de libre-échange Tripartite.

Enfin, les Parlements devront s'accorder au moment de la ratification, et il existe d'importantes disparités et rivalités entre les systèmes politiques voisins... d'autant que plusieurs Etats signataires du TFTA ont la réputation d'être des dictatures fortes !

De là à imaginer la mise en place d'une monnaie commune à l'instar de l'Union européenne... il y a évidemment un fossé à la mesure du continent !

Par le passé, des initiatives similaires ont échoué : Plan d'action de Lagos (1980), Charte africaine d'Arusha pour la participation populaire et le développement (1990), Agenda du Caire (1994) et Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD, 2001).

Pour les spécialistes, la réussite du TFTA dépendra pour beaucoup de celle du NEPAD, dont les projets de construction d'infrastructures logistiques et de communication intracontinentaux faciliteront grandement les flux commerciaux.

Dans tous les cas, la création même hypothétique de cette zone de libre-échange devrait interpeller les autres pays du continent, notamment ceux de la CEEAC et la CEDEAO.

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Imprimer  M. FOURCADE / M. ANTIER
Source(s) : divers medias (juin 2015)
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