Synthèse : Une récente étude du cabinet américain Cushman & Wakefield intitulée "Manufacturing Index 2014", établit un classement mondial des pays les plus propices à l'industrie manufacturière. Les trois grandes catégories de critères choisis pour l'évaluation se veulent représentatives des paramètres que fabricants et industriels doivent prendre en considération pour élaborer leur stratégie d'implantation à l'international. Comme en 2013, ce sont les pays de la zone Asie-Pacifique, Malaisie en tête, qui tiennent le podium. Focalisé sur des industries hautement mécanisées, utilisant une main d'uvre non spécialisée et évoluant sur un marché multirégional avec un seul type de produit, l'index s'appuie sur un panel des 30 plus gros producteurs manufacturiers dans le monde selon l'UNCTAD (United Nation Trade and Development). Les trois catégories de critères utilisés pour l'évaluation sont : - Coûts (coeff. 4) : travail, électricité, construction et droits d'enregistrement
- Conditions d'exploitation (coeff. 4) : main d'uvre, logistique, environnement des affaires, responsabilité sociétale
- Risques (coeff. 2) : catastrophe naturelle, risque économique, risque de rupture d'approvisionnement en énergie, risque entrepreneurial
Quelques points clés : Top 10 | Rang | Pays | Région | 1 | Malaisie | APAC | 2 | Taiwan | APAC | 3 | Corée du Sud | APAC | 4 | Thaïlande | APAC | 5 | Chine | APAC | 6 | Canada | Amériques | 7 | Russie | EMEA | 8 | Indonésie | APAC | 9 | Etats-Unis | Amériques | 10 | Mexique | Amériques | Seulement 5ème du classement, la Chine perd de son attractivité en raison d'un facteur risque élevé. A l'inverse, pour la zone Amériques, le Canada devance les Etats-Unis grâce à un très faible niveau de risque, le meilleur score du classement mondial. Dans la zone EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique), la Russie arrive en tête, au 7ème rang du classement, en raison de ses très faibles coûts d'exploitation, notamment celui de l'électricité de production et les droits d'enregistrement. En bas de tableau, la France n'apparait qu'en 20ème position en raison de ses coûts élevés, mais devance toutefois l'Espagne, l'Allemagne, l'Irlande, l'Italie et la Belgique sur la note globale. Partant des mêmes paramètres d'étude, le rapport établit également un classement "B" pour 15 pays considérés comme possédant un bon potentiel de développement en termes de marché et susceptibles dans un proche avenir de devenir leaders de l'attractivité pour le secteur manufacturier. 5 pays se détachent du lot : - Estonie et Lituanie : respectivement classés en 1ère et 3ème position des pays les plus prometteurs, ces deux Etats membres de l'Union européenne offrent un accès privilégié aux produits manufacturés sur le marché communautaire. Toutefois, l'étude souligne que ces pays étant de petite taille, ils pourront difficilement héberger des industries importantes à forte utilisation de main d'uvre.
- Vietnam et Philippines : classés 2 et 4, ces pays d'Asie méridionale offrent non seulement des opportunités en termes de coûts et de main d'uvre, mais également une porte d'entrée sur le marché de l'ASEAN et une ouverture possible vers la Chine dans le cadre de l'accord de libre échange Chine / ASEAN...
Pour ce qui concerne le Vietnam, un accord de libre échange global est en cours de négociation avec l'UE (cf. Atmosphère Internationale de mars 2014). - Costa Rica : ce petit pays d'Amérique Centrale, bien qui ne faisant pas partie du MERCOSUR bénéficie à la fois d'une position géostratégique sur le continent et de nombreux accords de libre échange effectifs ou en cours de finalisation avec de grandes nations dont les Etats-Unis (CAFTA-DR), le Canada, la Chine et l'Union européenne (cf. Atmosphère Internationale de janvier 2014). Doté de moins de 5 millions d'habitants, son potentiel de développement industriel reste toutefois limité.
* Rapport "Where in the World: Manufacuring Index 2014" (Cushman & Wakefield) à disposition de nos abonnés sur simple demande. | Avis de l'expert : Des indicateurs intéressants en raison des critères "risques et opportunités" choisis, mais dont les tendances qui se dégagent ne suffisent pas à évaluer objectivement l'intérêt pour une entreprise de s'implanter dans tel ou tel pays... Il s'avère également impossible de généraliser ces indicateurs à tous les secteurs de production, notamment ceux qui nécessitent une main d'uvre importante et des ouvriers qualifiés. C'est le cas du secteur textile-habillement, pour lequel le critère coût devrait par exemple sensiblement améliorer le classement de l'Inde, du Vietnam, du Sri Lanka ou des Philippines. Par ailleurs, selon le secteur industriel, la disponibilité et le coût des matières premières ainsi que la proximité et l'efficience des grandes infrastructures logistiques sont des paramètres objectifs primordiaux pour tout projet d'expansion ou de délocalisation dans un pays étranger ! Enfin, il est évident que les conditions "réelles" peuvent varier à l'intérieur même d'un pays, sans parler des fluctuations dans le temps, notamment en raison de contextes sociaux-économiques volatiles. A ce titre, on pourrait contester le choix des analystes de Cushman et Wakefield de n'intégrer le critère "risques" qu'à hauteur de 20% de la notation globale : en période d'instabilité sociale et politique au niveau mondial, de dérèglement climatique et d'épuisement des ressources en énergie, les entreprises ne doivent pas sous-estimer ce paramètre dans leurs projets stratégiques d'implantation à l'international. Prochain webinar gratuit sur la thématique SOURCING : | | | |