Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème ECONOMIE
 Pays CHINE  Date juillet 2011

La Chine joue les équilibristes ... mais tient toujours la corde !

Synthèse : L'indice des prix à la consommation en Chine a atteint 6,4% en juin ... son plus haut niveau depuis 3 ans !

Cette situation n'est pas sans inquiéter le gouvernement chinois qui tente d'endiguer la hausse par différents moyens depuis octobre 2010 : la Banque Centrale a relevé les taux d'intérêt et les réserves obligatoires des banques à plusieurs reprises pour limiter la quantité de monnaie en circulation et la capacité des banques à accorder des prêts.

L'évolution des prix des produits alimentaires (+14,4% en juin), liée aux intempéries qui ont frappé la Chine au printemps, ainsi que les prix de l'immobilier (loyers en hausse de +6,5% au premier trimestre 2011) inquiètent le gouvernement car ce sont les ménages les plus pauvres qui sont les plus touchés : les autorités craignent des mouvements de contestation sociale.

L'objectif du gouvernement de limiter l'inflation à 4% en 2011 ne pourra visiblement pas être atteint : le premier ministre Wen Jiabao vise désormais 5%.

La croissance économique chinoise ne fléchit que légèrement sous le poids des mesures prises pour contenir l'inflation (9.5% au 2nd trimestre contre 9.7% au 1er trimestre). Sur les 6 premiers mois de 2011 on ne constate qu'une baisse de 0.7 points par rapport à 2010. Un nouveau record des exportations établi au mois de mars (+30%) est venu doper l'excédent de la balance commerciale chinoise qui s'élève désormais à 11,4 milliards USD...

Des menaces pèsent toutefois sur le système financier : afin de soutenir la demande intérieure après la crise financière de 2008, les banques ont été incitées à prêter massivement aux collectivités locales dans le cadre de projets de construction d'infrastructures ... et elles en souffrent aujourd'hui.

La fluctuation du yuan est de plus en plus d'actualité : depuis juin 2010, le yuan s'est apprécié de 5.2% par rapport au dollar. Jugée insuffisante par le reste du monde, cette appréciation fait craindre à la Chine une perte de compétitivité de ses exportations.
En même temps, la Chine voudrait réduire sa dépendance au billet vert dont la faiblesse menace de plus en plus ses réserves de changes qui s'élèvent à plus de 3 000 milliards de dollars, soit un tiers des réserves mondiales.
Un yuan plus flexible permettrait pourtant d'atténuer les effets de l'inflation liés aux importations.
Avis de l'expert : Malgré ces difficultés, la croissance économique reste très dynamique et même au-delà des objectifs du gouvernement chinois qui tablait sur 8% en 2011 et 7% par an jusqu'en 2015.

Selon le FMI, une accélération de la réévaluation du yuan est nécessaire mais elle aurait des effets assez limités sur le reste du monde. Elle serait néanmoins importante pour la Chine elle-même puisqu'elle permettrait un rééquilibrage de sa croissance encore trop dépendante des exportations. Surtout si on considère l'incertitude de la demande des pays développés qui fait peser une menace sur l'économie chinoise.
La crainte de la surchauffe persiste pour le FMI, notamment du fait de la bulle immobilière. Cette surchauffe pourrait encore accentuer la hausse des cours des matières premières et peser sur le développement des autres économies du monde.

Les analystes expliquent que l'économie chinoise est une économie en transition, qui connaît des phases d'expansion très rapides et des phases de ralentissement, puisqu'elle n'a pas terminé son processus d'industrialisation et d'urbanisation. Ce qui se passe dans le reste du monde comme la crise asiatique en 1997, la crise mondiale en 2008 ou la crise des dettes publiques en Europe et aux USA actuellement, impacte bien sûr son développement également.
Et compte tenu de sa position sur l'échiquier mondial économique, quand la Chine est touchée ... le reste du monde aussi !

Les réformes à mener par le pays sont nombreuses et des changements profonds sont déjà en train de s'opérer : hausse des salaires, évolutions de la couverture sociale, orientation vers des industries à plus forte valeur ajoutée, volonté du gouvernement de rééquilibrer son économie vers la demande intérieure. Une course contre la montre s'est engagée pour la Chine face à son destin de leader économique mondial.
Imprimer  D. CAMMARANO
Source(s) : Divers media (juillet 2011)
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