Synthèse : En France, que vous dénonciez vous-même un acte de corruption d'agent public étranger commis dans votre supply chain internationale, ou qu'il soit dénoncé suite à une investigation judiciaire, vous encourez le même risque financier et/ou pénal... Voilà qui n'encourage guère les entreprises à l'autocontrôle ! Ce constat incite l'ONG Transparency International à plaider pour une "justice transactionnelle" comme outil de prévention de la corruption transnationale. En matière de condamnations pour des faits de corruption la France est connue pour être le mauvais élève de la classe (voir ACTu du 04/11/14). Cette "indulgence" de la justice française à deux inconvénients majeurs : - Elle n'empêche pas les sociétés de l'hexagone d'être poursuivies à l'étranger
- Elle n'incite pas les entreprises à mettre en place des programmes de prévention de la corruption qui limiteraient leur exposition au risque pénal
En quoi consiste la justice transactionnelle dans ce cas ? Une procédure de clémence autorisant une autorité de poursuite à transiger avec un délinquant en vue de résoudre une affaire pénale sans recourir à un procès. Dans un tel cadre, les autorités judiciaires tiennent compte des efforts de l'entreprise pour limiter les risques de corruption au sein de sa supply chain internationale, et peuvent réduire ou annuler les poursuites sous conditions : auto-dénonciation auprès des autorités, disponibilité à coopérer, correction des défaillances, mise en place de "process", etc. Selon les chiffres de l'OCDE 69% des affaires de corruption transnationale dans le monde ont été résolues par la négociation (procédures alternatives*). A cet égard les pays anglo-saxons ont une longueur d'avance qui pourrait inspirer la justice française... * Comparatif des différents systèmes transactionnels, à suivre dans un prochain sujet... | Avis de l'expert : Un système déjà appliqué dans le cadre douanier, et qui fait ses preuves dans un contexte mondialisé et dématérialisé. Un cadre légal plus incitatif que coercitif, qui valorise l'autocontrôle tout en laissant la place au droit à l'erreur et à l'amélioration des mesures de prévention... Les entreprises connaissent déjà les avantages et inconvénients de ces procédures, ce qui en facilitera l'utilisation ! Moderne et correspondant aux attentes des acteurs du commerce international, ce texte devrait poursuivre, après quelques modifications, son chemin parmi les instances françaises, européennes et internationales. Nous aborderons ce sujet lors de la conférence que nous organisons avec Transparency International France et le Global Compact France (PACTE MODIAL ONU) le 04/06/2015 à Paris sur le thème : Le risque de corruption à l'export : identifiez les maillons faibles de votre supply chain. | | | |