Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème ECONOMIE
 Pays FRANCE  Date janvier 2010

Luxe "made in France" : bientôt une charte de bonnes pratiques ?

Synthèse : En 2009, le secteur du luxe a été fortement affecté. Une onde de choc répercutée aux façonniers, qui n'en sont pas ressortis indemnes : chute des carnets de commandes de 25% à 60% en un an, près de 20% des emplois sacrifiés et une versatilité de la clientèle n'augurant pas de lendemains meilleurs...

Désormais, la façon de prêt à porter de luxe compte 160 PME françaises, ce qui représente 100 millions d'euros de chiffre d'affaire et environ 6000 emplois. Pour tenter de contenir l'hémorragie du tissus industriel et garantir le label 'Made in France', le ministre de l'industrie s'est engagé en décembre, à sortir d'ici fin janvier 2010 une 'charte de bonnes pratiques' à l'attention des grandes griffes françaises.
Cette charte devrait refonder les relations, le cadre contractuel, la propriété intellectuelle, les conditions de règlement… pour mieux protéger les façonniers. Il s'agirait pour les griffes de s'engager vis-à-vis de leurs sous-traitants français :
  • dans le temps sur un minimum de commandes
  • sur une période de préavis en cas de cessation de commandes
Sans surprise, la plupart des marques de luxe ne voient pas cette initiative d'un bon œil.

En parallèle, un programme d'amélioration de la compétitivité devrait être lancé : examen des dysfonctionnements, création d'une plateforme internet, formation… Ce programme devrait aider les maisons de couture à optimiser les coûts de production, améliorer l'offre, et être plus réactives.

Avis de l'expert : Le coût de la façon représente seulement 5 à 7.5% du prix de vente final du vêtement. De plus, la profitabilité des griffes s'élève à 23.8%, là où les ateliers encaissent 4.4%.
Nul ne doute que les conditions générales de ventes comportent des arguments décisifs dans les décisions de sourcing qui pèsent au moins autant que le critère coût.

Contenir le phénomène de délocalisation est un pari difficile, d'autant plus qu'il est désormais impossible de tout faire fabriquer en France, faute d'ateliers (jeans, costumes hommes…).
En revanche, d'autres secteurs économiques tels que l'informatique ou l'aéronautique ont initié un certain retour à l'intégration verticale. Des entreprises ont commencé à récupérer des fonctions qui n'avaient jusqu'alors cessé d'être sous-traitées, pour mieux contrôler leurs approvisionnements en matière première, la fabrication, les stocks et la distribution. Les maisons de haute-couture françaises pourrait peut-être s'en inspirer.

Plusieurs scénarios sont donc envisageables pour le secteur du luxe :

  • Le retour aux sous-traitants français avec davantage d'éthique, selon les souhaits du gouvernement, mais fort peu probable à moins d'incitations fortes ou de mesures contraignantes
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  • Des acquisitions de sous-traitants pour davantage de maîtrise, envisageable sous condition que la reprise soit durable
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  • La poursuite des délocalisations, accentuée par une rigidité accrue des ateliers français
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    Les maisons prendront certainement des orientations stratégiques différentes en fonction de leurs politiques propres et du contenu de la Charte attendue pour ce mois-ci. Affaire à suivre en 2010 !
    Imprimer  E. REBOULET
    Source(s) : Divers medias (novembre / décembre 2009)
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