Synthèse : Mise en place par l'ONU, la bourse du carbone est destinée à encourager les investissements respectueux de l'environnement dans les pays en développement. Ainsi, un industriel d'un pays "riche", signataire du protocole de Kyoto, qui ne parvient pas à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau des quotas obligatoires, peut obtenir des "crédits carbone" en investissant dans un projet de réduction des émissions dans un pays plus pauvre, comme par exemple un projet d'installation d'éoliennes. Ces "droits à polluer" peuvent ensuite être utilisés afin de rentrer dans les quotas, ou cédés à une autre entreprise afin d'en tirer un bénéfice financier. Une entreprise française a ainsi réussi à obtenir 189 millions de dollars par la vente d'un grand nombre de "crédits carbone", obtenus en détruisant le protoxyde d'azote émis dans ses usines du Brésil et de Corée du Sud. Pourquoi ? Tout simplement parce que la Corée du Sud, puissance industrielle classée par Kyoto parmi les "pays en développement", n'a pas de restriction sur ses émissions, et permet au contraire de gagner des crédits carbone" dès qu'on s'engage localement dans le retraitement des déchets ! Pays en pleine expansion, la Corée accueille de plus en plus d'industries émettrices de GES attirées par l'appât du gain émanant de la destruction des rejets de carbone. Ce système censé permettre aux pays pauvres de développer des technologies "propres" a donc créé un effet d'aubaine qui permet de mettre en circulation des droits à polluer supplémentaires dans les pays industrialisés, tout en enrichissant fortement les entreprises détenant des portefeuilles de crédits carbone ... L'ONU, consciente des effets pervers de son système, impose des critères sévères de sélection des bénéficiaires des crédits, notamment en demandant d'établir la preuve que les réductions d'émissions n'auraient pas eu lieu sans l'incitation financière liée au programme. De plus, l'organisme international envisagera certainement en 2012, lors du renouvellement des obligations liées au protocole de Kyoto, de classifier la Corée du Sud dans les "pays développés". |