Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème SOURCING
 Pays INDE / MONDE  Date février 2010

Rapport qualité/prix : une notion battue en brèche par les lois du marché !

Synthèse : Dans nombre de stratégies d'achat, notamment dans le secteur textile/habillement, la notion de "rapport qualité/prix" semble être devenue obsolète au profit du seul critère prix ...
En Inde, cette approche se généralise depuis début 2009, date à laquelle les commandes du marché américain se sont effondrées (-14%) et la volatilité de la roupie indienne a dégradé les affaires des exportateurs, concurrencés de plein fouet sur les matières basiques par le Bangladesh et la Chine.

Pour y répondre et faire face à la concurrence internationale, le secteur textile indien a opté pour "l'ingénierie de valeur" (value engineering)… ou pour dire les choses plus simplement, comment modifier la composition des produits pour en réduire le coût de fabrication sans attenter à la qualité perçue et ressentie par le consommateur !

Ainsi, le polyester remplace la viscose ou l'acétate pour les doublures (réduisant leur coût de 15 à 20% dans les produits finis haut de gamme), le grammage des matières est allégé, des empiècements chaîne et trame viennent discrètement remplacer des parties en maille sur des T-shirts, les ratios coton/polyester passent de 70/30 à 90/10 etc...
Avis de l'expert : On peut compter sur l'ingéniosité indienne pour fabriquer un produit bon marché qui a l'apparence d'un produit cher… et, espérons le, sur la perspicacité des acheteurs pour faire la différence !

Si elle s'est généralisée, cette pratique n'est toutefois pas nouvelle en soi puisqu'elle est régulièrement dénoncée dans le cadre des enchères inversées, où tout acheteur sait qu'en deçà d'un certain prix la qualité du produit est forcément dégradée par rapport au dossier technique initial.

Dans une période de récession économique, la qualité est clouée au pilori et la prise de risque à son apogée pour les marques qui frôlent la duperie avec leurs clients : un joli champ d'action pour la DGCCRF dont l'une des missions est de garantir la protection du consommateur en détectant les omissions ou tromperies concernant les informations de composition des produits mis à la consommation ...

Dans ce contexte, le contrôle qualité s'avère d'autant plus nécessaire qu'il est la dernière barrière avant la mise sur le marché. Au-delà d'une qualité médiocre, le produit peut contenir des taux de substances préoccupantes accrues et être fabriqué dans des conditions socialement inacceptables… gare à la triple pénalité !
Le fait de s'en remettre au fabricant pour trouver des "astuces" de fabrication visant à maintenir des prix plancher tout en s'approchant au plus près du cahier des charges génère donc des risques importants pour le donneur d'ordre.

Une autre approche est possible :
elle consiste à intégrer le critère coût de fabrication très en amont, au moment de la conceptualisation du produit. Le "design-cost" permet de garder la maîtrise des process de fabrication en y incluant les choix de matières et peut offrir une garantie de conformité qualitative du produit fini. Toutefois, cela implique que stylistes et designers acquièrent ou intègrent des compétences techniques et économiques en plus de leur talent créatif !

Un sujet très actuel sur lequel nous reviendrons bientôt dans Atmosphère Internationale.
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : Textile Asia (novembre 2009)
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