Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème SOCIAL / ETHIQUE
 Pays ASIE  Date août 2011

Asie : les femmes, premier amortisseur de l'économie mondiale...

Synthèse : L'OIT a rendu son rapport sur le travail féminin en Asie*, et délivre un bilan particulièrement alarmant. Les femmes asiatiques sont celles qui connaissent le moins le "chômage**" (4,3% contre 6,5% en moyenne dans le monde), mais ce sont elles qui occupent principalement les emplois les plus précaires.

30% seulement des actifs asiatiques occupent un emploi salarié dans une entreprise. Sur les 70% restant, 50% travaillent en indépendant, 37% en famille et moins de 3% sont chefs d'entreprise. Dans tous les cas, les femmes assument la plupart des travaux de basse besogne, sont souvent non rémunérées et non déclarées, et assurent le rôle d'amortisseur des pics et creux d'activité économique.

92% des Népalaises, 91% des Bangladeshies, 88% des Indiennes et 81% des Indonésiennes travaillent dans le secteur "informel", dans des pays où la femme a la responsabilité d'assurer la subsistance familiale.

Toutes ont subi de plein fouet les effets de la crise mondiale depuis 2007 :
  • Réduction des emplois aidés par les Etats
  • Suppression de la sous-traitance
  • Retour au travail à domicile
  • Réduction des salaires sans négociation
  • Passage d'une rémunération mensuelle à un traitement à la pièce
  • Le travail régulier s'est transformé en travail temporaire puis ponctuel
  • Temps de travail plus long pour une rémunération à la baisse

    Seules celles qui se sont expatriées pour travailler ont réussi à maintenir leur situation, parfois grâce au soutien financier temporaire de leur famille restée au pays.
    Au Bangladesh, ce sont les trieuses de déchets et les travailleuses agricoles qui ont vu leur situation se dégrader le plus !

    * Rapport de l'OIT à disposition de nos abonnés sur simple demande.
    ** Au sens d'"inactivité", que le travail soit salarié ou non et que l'individu bénéficie d'une couverture sociale ou non...
  • Avis de l'expert : Les usines sans main d'œuvre féminine sont souvent le signe de la dégradation économique d'un pays : quand l'emploi masculin prime, c'est que l'emploi féminin est repoussé massivement vers le secteur informel, avec toutes les déviations et exploitations possibles...

    Le rapport de l'OIT est extrêmement riche en informations, et détaille la situation par pays : dommage qu'il ne couvre pas la zone Europe …

    Il confirme les situations que nous constatons lors des audits sociaux que nous pratiquons en Asie : forte augmentation de la sous-traitance, rémunération à la pièce, main d'œuvre peu éduquée, périodes sans activité alternant avec périodes d'horaires de travail parfois insoutenables…

    La création du micro crédit, actuellement très critiqué par le secteur bancaire classique, constitue une véritable opportunité d'émancipation professionnelle pour les femmes. Certains Etats prennent conscience de la situation et ont lancé des initiatives qui méritent d'être soulignées :
    • En Chine, dans la province du Hangzhou, un programme d'aide aux femmes entrepreneurs a été engagé. A Tianjin, un incubateur a été créé pour soutenir les projets de création d'entreprise de 10 000 femmes.

    • En Inde, le programme "Mahatma Gandhi National Rural Employment Guarantee" réserve 30% des emplois aux femmes pour 100 jours de travail à salaire égal avec les hommes, et la mise à disposition d'un service de crèche.

    • Au Bangladesh, 3.5 millions de personnes vivant dans la région de Jamuna du nord ont intégré le "Chars Livelihood Programme" qui favorise l'accession des femmes à l'éducation et au financement de projets.
    Imprimer  A. LE ROLLAND
    Source(s) : ILO - Women and labour markets in Asia (2011)
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