Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème COMMERCE INTERNATIONAL
 Pays MAROC  Date juillet 2017

TRANSPORT MARITIME : montée en puissance des ports marocains

Synthèse : Selon les chiffres de 2016, les ports marocains se portent bien ! L'activité portuaire est portée par une hausse générale des importations et des exportations, favorisée par de bonnes performances industrielles et la réorganisation des flux sur les différents hubs maritimes du royaume. Les efforts des administrations marocaines pour industrialiser les zones portuaires accompagnent cette croissance.

Le rapport 2016 de l'Agence National des Ports (ANP)*, organe d'autorité et de régulation du nouveau système portuaire marocain, fait état d'une dynamique à tous les niveaux :

  • Exportations des secteurs automobile (+11,5%), aéronautique (+14,6%), électronique, agroalimentaire, textile et cuir;
  • Importations de biens d'équipement (+27,5%), des biens de consommation (+15,2%) et des produits alimentaires (+25%).
  • Hausse du volume de cabotage (+200%) dans le port de Tanger Med, hissée par les hydrocarbures tandis que le trafic en transbordement explose, passant de 97 200 à 445 740 tonnes/an.
Il faut cependant noter qu'une part importante de la hausse de trafic enregistrée dans chaque port est liée à la redistribution des flux logistiques. Dans le secteur des hydrocarbures par exemple, l'arrêt de l'activité de raffinage à Mohammedia a boosté les importations d'hydrocarbures dans les différents ports de transit : Tanger Med (+35,7%), Jorf Lasfar (+29%), Agadir (+57,2%), etc...

Au global, la hausse annuelle en 2016 n'est en réalité "que" de 4%. Cette progression un peu artificielle devra donc se consolider sur le moyen/long terme en profitant durablement de la reconfiguration des flux et de la restructuration des industries marocaines. De fait, de grands projets industriels éclosent actuellement de part et d'autre du littoral marocain.

Tanger Med qui ne fait pas partie de l'ANP a vu naître 68 nouveaux projets industriels en 2016, et le 20 mars 2017, le Roi du Maroc assistait à la signature d'un mémorandum d'entente à Pékin qui lançait le projet de construction de la "Cité Mohammed VI Tanger Tech" : 2000 hectares mis à disposition de près de deux cents entreprises chinoises des secteurs automobile, aéronautique, électronique et textile.

L'activité des ports de l'ANP est cependant encore fortement dépendante des importations de matériel dans le cadre des grands projets d'investissement au Maroc.

* "Activité Portuaire 2016 : Un raffermissement des échanges quasi-généralisé" (ANP 2017)

Avis de l'expert : Le Maroc a réalisé ces 10 dernières années beaucoup d'investissements et d'efforts pour se doter d'infrastructures logistiques et portuaires compétitives, et se donner ainsi les moyens de ses ambitions internationales (cf. Atmosphère Internationale de septembre 2016).

Le rapport d'activité portuaire 2016 traduit bien, tout comme le déficit de sa balance commerciale, la dynamique actuelle du Royaume qui mise beaucoup sur l'investissement étranger dans le cadre de sa stratégie d'industrialisation.

Avec peu de potentiel de développement sur les marchés des pays limitrophes et des sites aéroportuaires inadaptés pour accueillir un trafic de fret aérien conséquent, le développement des infrastructures portuaires est primordial pour le Maroc !

L'objectif assumé de devenir un hub logistique de premier ordre pour le continent africain, adossé à une politique commerciale Sud-Sud très dynamique (cf. Atmosphère Internationale de juin 2017), confère légitimement au Maroc un pouvoir d'attraction de plus en plus fort vis-à-vis des compagnies maritimes qui ne rechignent plus à ouvrir des lignes directes au départ du Maroc vers les ports d'Afrique de l'Ouest et d'Europe.

Toutefois, il est important de souligner que ce rapport élude une autre réalité, un peu moins rose : le fonctionnement de la chaine logistique marocaine est encore loin d'être au niveau des grands hubs mondiaux et ses coûts restent très élevés.

Les rapports restent aujourd'hui plus focalisés sur le décompte des EVP accueillis (trafic global) que sur les contraintes et impacts pour les opérateurs marocains : si le Maroc a su se doter d'importantes infrastructures (hardware), son "software" reste à optimiser (formation des techniciens et opérationnels import/export, fluidité de la chaine logistique, réactivité et souplesse de l'administration, sécurisation des procédures et prévention des risques de corruption,...) pour donner de la consistance à ses échanges, et pas seulement dans le sens des imports !

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Imprimer  B. CHAUVIN / M. FOURCADE
Source(s) : www.lantenne.com / www.anp.org.ma (mars-avril 2017)
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