| Atmosphère Internationale la lettre de veille stratégique du commerce international Thème |
TRANSPORT INTERNATIONAL |
Pays |
MONDE |
Date |
août 2016 |
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Fret maritime et risque biologique
: vers une réglementation mondiale ? | |
Synthèse :
La Commission sur les Mesures Phytosanitaires de la FAO a récemment
sonné l'alarme sur les risques environnementaux, sanitaires
et économiques engendrés par la prolifération
d'espèces nuisibles via les conteneurs de fret maritime.
Un rappel des enjeux visant à responsabiliser les acteurs du
commerce international qui fait planer l'ombre d'une possible réglementation
contraignante...
Plus que tout autre mode de transport, le fret maritime est à
l'origine de la propagation d'organismes nuisibles et de maladies
à travers le monde. Avec la très forte intensification
des flux commerciaux ces 20 dernières années, ces "déversements
biologiques" se sont accentués jusqu'à mettre
en péril de vastes écosystèmes, à provoquer
de graves problèmes sanitaires, voire à impacter des
pans entiers de l'économie : selon une étude américaine
de 2011, les invasions biologiques entraînent des dégâts
estimés à près de 5% de l'activité économique
mondiale annuelle !
Aujourd'hui, près de 90% du commerce mondial se fait par voie
maritime et les conteneurs métalliques utilisés pour
conditionner le fret se déplacent bien au-delà des ports,
suivant des circuits logistiques de plus en plus vastes et ramifiés.
Les rapports d'inspection en provenance de nombreux pays indiquent
que des milliers d'organismes se déplacent ainsi : pas seulement
dans, mais également sur les "boîtes". En Nouvelle
Zélande, une analyse a ainsi montré qu'un conteneur
sur dix à l'arrivée était contaminé à
l'extérieur, soit deux fois plus que le taux de contamination
intérieur...
C'est pour lutter contre la propagation de ravageurs et maladies des
plantes par le commerce qu'a été révisée
la Convention
Internationale pour la Protection des Végétaux (CIPV)
il y a six ans, placée sous l'égide de la Food and Agriculture
Organization (FAO) au sein de l'ONU.
La commission
sur les mesures phytosanitaires (CMP) de la FAO a depuis réalisé
un guide des bonnes pratiques pour le chargement des cargaisons
dans un conteneur maritime à l'attention des opérateurs
du commerce international* : il ne s'agit toutefois que de recommandations...
Dans un communiqué du 17 août 2016, la FAO rappelait
les enjeux globaux liés à la dissémination des
ravageurs à la surface du globe via les conteneurs maritimes,
en insistant sur la nécessaire mobilisation des acteurs
privés et publics du commerce international en matière
de prévention des risques, notamment par la diffusion et
l'adoption à large échelle des lignes directrices de
la CMP.
* Recommandations de la CMP à
disposition de nos abonnés sur simple demande. |
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Avis de l'expert : Les
actions de la CMP ont jusqu'à présent reposé
sur la bonne volonté des opérateurs du commerce international.
Cette approche non contraignante a déjà trouvé
son public auprès des zones les plus sensibles, notamment les
Etats insulaires : la Nouvelle-Zélande par exemple, a aujourd'hui
réussi à réduire presque à néant
le taux de contamination de ses conteneurs.
Le réseau d'organisations nationales de protection des végétaux
(ONPV) devrait faciliter le suivi des recommandations de la CMP par
les gouvernements. Les Etats, comme les entreprises, ont tout à
gagner d'une réduction du risque biologique : hausse du
rendement agricole de 20 à 40%, meilleur accueil des produits
à l'export, gain de temps et d'argent si dispense d'inspection
à l'arrivée, etc.
L'intérêt concurrentiel de cette maîtrise du risque
biologique réside aujourd'hui dans la capacité à
se démarquer en adoptant au plus vite les bonnes pratiques
conseillées.
Car comme le fait remarquer la FAO, le rôle de la CMP pourrait
rapidement prendre une envergure internationale et ses prérogatives
étendues à la conception d'outils réglementaires...
A l'instar des Normes
Internationales pour les Mesures Phytosanitaires (NIMP), une série
de principes établis explicitement " pour faciliter
le processus d'élaboration de normes internationales pour la
quarantaine végétale [et] permettre de réduire,
voire d'éliminer, les mesures phytosanitaires injustifiées
agissant comme des obstacles au commerce ".
73 pays, dont l'UE, l'Inde, la Chine et la Russie, ont notamment adopté
la NIMP 15, qui insiste particulièrement sur la nécessité
de traiter les matériaux d'emballage en bois avant export
par transit maritime.
En prenant en considération les recommandations de la CMP,
les entreprises se donneront les moyens d'anticiper sereinement ce
qui pourrait, à terme, devenir une réglementation contraignante,
incluant des procédures potentiellement coûteuses et
susceptibles de ralentir les supply chains internationales
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