Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème ECONOMIE
 Pays ASEAN  Date avril 2008

ASEAN : marché commun en voie de disparition ?

Synthèse : Entre 1990 et 2000 s'est opérée une véritable inversion de tendances des flux commerciaux en Asie : premier exportateur en valeur devant l'ASEAN et la Chine, le Japon se retrouve médaille de bronze avec la Chine en pôle position ! Au-delà de ce score, c'est tout le profil des échanges commerciaux qui ont évolué entre 2000 et 2007.

Les taux de croissance des échanges commerciaux (import/export) en Indonésie, Thaïlande, Vietnam et à Singapour ont largement dépassé ceux du PNB dans ces pays, prouvant simultanément leur capacité d'intégration dans le commerce mondial et leurs nouvelles dépendances économiques.
Et si les Philippines se tiennent encore à l'écart de ce schéma, c'est en grande partie grâce à un afflux financier provenant des citoyens expatriés à destination de leurs familles : comptant pour 10% du PNB, cette manne compense les faiblesses industrielles du pays.

La part des exportations de ces pays vers la Chine a considérablement augmenté (25% pour la Corée du Sud, 15% pour le Japon). Seul le Vietnam déroge à la règle : son intégration dans l'OMC lui a ouvert des points d'accès directs vers l'UE et les Etats-Unis, lui permettant de réduire sa dépendance au marché chinois.

La valeur ajoutée des produits exportés par les pays de l'ASEAN reste faible, contrairement à celle des exportations chinoises et indiennes. La Malaisie fait exception avec ses livraisons directes de matériel informatique aux Etats-Unis et en Europe.

La fragmentation de la production industrielle a transformé l'ASEAN en une vaste usine au service des chaînes d'assemblage chinoises : pièces détachées, composants, matières premières sont sourcés en fonction des avantages concurrentiels de chacun des pays.
Seul le Japon résiste avec son principe de précaution du "China-plus-one" où le "one" devient de plus en plus significatif pour éviter une dépendance trop forte.

Clairement, la Chine est devenue la plateforme d'exportation de l'ASEAN.

ASEAN : Association of SouthEast Asian Nations (Bruneï, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Myanmar, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam)
"China-plus-one" (Chine+1) : stratégie d'investissement recommandée par l'Office du Commerce Extérieur japonais (Jetro) pour inciter les entreprises japonaises à diversifier au maximum leurs débouchés régionaux : pour chaque implantation ou investissement en Chine, une démarche équivalente doit être entreprise dans un autre pays asiatique ou émergent.
Avis de l'expert : Les chances de lancement de la Communauté Economique de l'ASEAN en 2015 semblent fortement hypothéquées ... La cartographie des échanges commerciaux en 2000 a basculé d'est/ouest à nord/sud … Un schéma somme toute bien connu !

Lasse d'attendre son accès à l'ASEAN, la Chine a transformé son partenaire potentiel en sous-traitant principal. Ce changement du centre de gravité attache les pays de l'ASEAN à l'économie chinoise, et la décroche des Etats-Unis et de l'Union européenne.

Pour ceux dont la croissance intérieure dépend désormais des échanges commerciaux, la possibilité de rétablir des barrières protectionnistes au sein de l'ASEAN s'avère un risque majeur. Il y a donc de fortes chances que le processus de libre échange se poursuive envers et contre tout, et favorise encore plus la grande mobilité des industriels au sein de la zone … un cercle infernal que les donneurs d'ordre occidentaux favorisent par leur course au "low cost".
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : Asia Inc. / The Economist (janvier/février 2008)
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