Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème COMMERCE INTERNATIONAL
 Pays MONDE  Date février 2011

Cours du coton : torchon qui brûle ou véritable incendie ?

Synthèse : +21% entre septembre et octobre 2010, +89% entre octobre 2009 et 2010… Qu'est-ce qui met le feu au cours du coton ? Qu'en sera-t-il en 2011 ou 2012 ?

L'évolution du cours du coton est à l'image du déséquilibre qui s'accentue sans cesse entre pays producteurs et pays consommateurs. Plusieurs facteurs sont responsables de la flambée du prix de l'or blanc :
  • Les stocks mondiaux ont atteint leur plus bas niveau en 2009 (8,9 millions de tonnes) alors que la demande continuait de croître (24,6 millions de tonnes).

  • La Chine a ponctionné 1 million de tonnes dans ses stocks pour répondre à sa demande intérieure.

  • La production chinoise de coton sur la saison 2010/2011 est inférieure aux prévisions.

  • L'Inde, 2ème producteur mondial, a imposé des restrictions à l'exportation.

  • Le Pakistan, 3ème producteur mondial, a perdu la majorité de ses récoltes pendant les inondations de l'été 2010.

  • Les filateurs font face à des pénuries importantes de coton brut dans les intersaisons
  • .
  • La crainte de rupture d'approvisionnement dans l'économie réelle fait bondir les cours sur les marchés spéculatifs.

  • Le taux du dollar continue de baisser...
Les experts s'accordent à dire que la période 2011/2012 devrait voir une stabilisation du prix du coton grâce à la hausse de production en Inde, aux Etats-Unis (+55%), en Australie, au Brésil et en Argentine : ces pays ont en effet récemment investi dans la culture du coton, encouragés par la hausse des cours.
Une tendance à la baisse est même envisagée entre mai et juillet 2011...
Avis de l'expert : Au-delà de la liste des "micro" phénomènes qui viennent perturber les prévisions des experts, la filière du coton subit un déséquilibre de long terme qui ne présage rien de bon pour l'évolution de son cours.

Seuls les Etats-Unis sont excédentaires en production par rapport à leur consommation.
La Chine, premier producteur mondial, est également premier consommateur et importateur mondial : il ne faut donc pas compter sur sa production pour approvisionner les autres pays.
L'Inde et le Pakistan produisent à peine suffisamment pour leur propre consommation : le premier n'hésite pas à fermer les vannes à l'export pour se réserver les récoltes, tandis que la situation économique du second ne peut laisser espérer une politique agricole viable sur le long terme.

Dans ce contexte il paraît difficile d'imaginer une baisse durable du cours du coton, d'autant que les tensions politiques brutales (en Egypte) et les phénomènes climatiques imprévisibles ne pourront plus être amortis par les stocks ... Une situation providentielle pour les spéculateurs qui, au-delà même d'un rapport déséquilibré entre offre et demande, n'hésitent pas à souffler sur les flammes pour activer l'incendie.

Seul effet positif à long terme, les pays producteurs africains vont enfin pouvoir vendre leur coton à des prix rémunérateurs et tenter ainsi de désendetter un secteur agricole au bord de l'effondrement.
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : Textile Asia (novembre 2010)
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