Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème SOCIAL / ETHIQUE - RSEE
 Pays MONDE  Date novembre 2013

Main d'œuvre migrante : la double peine !

Synthèse : 414 milliards de dollars US… C'est le montant global estimé des transferts financiers effectués par les travailleurs expatriés des pays émergents vers leur pays d'origine en 2013 : un des plus importants mouvements de capitaux dans le monde ! La Banque Mondiale pointe du doigt dans son dernier rapport* les taux élevés pratiqués sur les transferts d'argent de ces "travailleurs de l'ombre", à la fois soumis à des conditions de travail précaires et aux prélèvements abusifs de certains opérateurs financiers.

De nombreux pays et régions sont littéralement sous perfusion des apports financiers provenant des travailleurs expatriés qui entretiennent leurs familles à distance : pour une dizaine d'Etats dans le monde, le montant des transferts entrants avoisine ou dépasse largement 1/4 du PIB national (voir graphique ci-contre).

L'Inde (71 milliards USD) et la Chine (60 milliards USD) drainent 1/3 du flux financier, suivis par les Philippines, le Mexique, le Nigeria, l'Egypte, le Bangladesh, le Pakistan et le Vietnam.

La Banque Mondiale anticipe une augmentation de la masse financière constituée par les envois de fonds de 6.3% en 2013. Au-delà du caractère préoccupant de cette tendance vis-à-vis du niveau de développement économique des pays les plus pauvres, le rapport met particulièrement en avant le manque à gagner lié aux prélèvements effectués par les opérateurs financiers : pour un montant de 200 USD, la commission prélevée est de 9% en moyenne... et peut atteindre 20% sur certains couloirs de transferts !

En ramenant à 5% en moyenne le prix des opérations de transfert, la Banque Mondiale estime ainsi que 16 milliards USD par an pourraient être réinjectés dans l'économie des pays destinataires.

* Rapport de la Banque Mondiale à disposition de nos abonnés sur simple demande.
Avis de l'expert : La grande majorité des 232 millions de travailleurs migrants est issue des régions les plus pauvres de la planète : une expatriation économique subie, qui génère à la fois une manne financière parfois très importante dans le pays d'origine, et un effet d'aubaine pour les employeurs peu scrupuleux dans les pays d'accueil.

Main d'œuvre ouvrière bon marché, elle est souvent exclue des législations sociales nationales (protection sociale, salaire minimum, contrats de travail…) et cible prioritaire des auditeurs sociaux...
Les travailleurs migrants des pays pauvres subissent une double peine : des conditions de travail et de rémunération dégradées (cf Atmosphère Internationale d'avril 2013) et des revenus surtaxés.

L'intervention de la Banque Mondiale révèle de manière exhaustive les pratiques des opérateurs de transferts de fonds et devrait contribuer à renforcer la responsabilité sociale des entreprises à l'international.
Imprimer  A. LE ROLLAND
Source(s) : L'Usine Nouvelle + Banque Mondiale (septembre-octobre 2013)
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