Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème REGLEMENTATIONS DOUANIERES
 Pays MERCOSUR / MONDE  Date janvier 2012

MERCOSUR : la tentation protectionniste de l'Amérique latine...

Synthèse : A l'issue du sommet du MERCOSUR* en décembre dernier, les quatre pays membres de l'Union douanière d'Amérique latine ont annoncé vouloir augmenter pour un an leurs droits de douane à l'importation sur une centaine de produits non originaires de la zone : biens d'équipement, produits chimiques et produits textiles.

Une décision commune susceptible d'être renouvelée dans le cadre des règles de l'OMC, et qui fait suite à des initiatives unilatérales : en 2011, l'Argentine avait décidé de limiter les importations de produits chinois sur son territoire, tandis que le Brésil avait augmenté de 30% les droits de douane sur les importations de véhicules non originaires de l'Union douanière.

Les pays membres du MERCOSUR se justifient en expliquant que cette démarche devrait permettre de compenser les déséquilibres commerciaux provoqués par la conjoncture économique mondiale actuelle. Une décision potentiellement lourde de conséquences sur les échanges internationaux !

* MERCOSUR : Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay
Avis de l'expert : Les règles de l'OMC prévoient des clauses de sauvegarde permettant aux pays adhérents d'augmenter temporairement les droits de douane sur des produits ciblés, dans la mesure où l'importation massive de ces produits pourrait mettre en péril les filières nationales.

Dans ce cadre, les droits de douane appliqués peuvent atteindre le taux maximum de 35%.

Toutefois, en dehors des véhicules automobiles non originaires de l'Union douanière, aucune liste détaillée des produits ciblés par cette mesure n'a encore été établie...

L'application de telles mesures de sauvegarde par le MERCOSUR est périlleuse ! Même si les dirigeants des pays concernés se targuent de compenser les politiques monétaires des Etats-Unis et de la Chine qui, disent-ils, provoquent "une avalanche de produits prédateurs venant de l'extérieur" susceptibles de mettre "en danger la croissance et l'emploi dans les pays membres".

C'est en premier lieu l'OMC et son combat contre le protectionnisme qui se voit ouvertement décrédibilisée sur la scène politique internationale par une telle décision. Sans doute l'Union douanière d'Amérique latine a-t-elle conscience de cet état de fait, car elle a cru bon d'exprimer par communiqué officiel sa "préoccupation concernant la situation du Cycle de Doha" et la "nécessité d'accomplir des éfforts pour conclure les négociations"...

Ensuite, les quatre membres doivent s'attendre à des représailles de la part des pays les plus impactés par cette mesure : les exportations du MERCOSUR à destination des Etats-Unis, de l'UE et de certains pays asiatiques dont la Chine pourraient être freinées dans leur développement, voire dans leur continuité.

Enfin, dans une période où de nombreuses échéances politiques se profilent sur fond de crise économique, cette attitude protectionniste pourrait faire tâche d'huile : une augmentation généralisée des droits de douane à l'importation pourrait engendrer une forte contraction des échanges internationaux...

C'est maintenant que Pascal Lamy, Directeur général de l'OMC, et ses équipes doivent être sur le terrain pour s'assurer que cette décision restera un acte isolé !
Imprimer  D. LE GRAS
Source(s) : Les Echos (décembre 2011)
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