Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème SOURCING / RSEE INTERNATIONALE
 Pays BANGLADESH / MONDE  Date octobre 2014

RSE Internationale : le secteur textile-habillement encore loin du compte !

Synthèse : Fin septembre, l'OIT et l'OCDE ont organisé une table ronde sur les chaines d'approvisionnement responsables dans le secteur textile-habillement. Ce forum international a notamment permis de remettre l'épineux sujet du fonds d'indemnisation des victimes sur le devant de la scène, en particulier le "Rana Plaza Arrangement" au Bangladesh : un accord international qui ne tient pas toutes ses promesses.

Cet accord multipartite, mis en œuvre suite à l'effondrement de l'usine textile à Dacca en avril 2013 (cf. Atmosphère Internationale de mai 2013), avait été signé par les principales parties prenantes (gouvernement du Bangladesh, donneurs d'ordre internationaux, industrie textile locale, syndicats et ONG) en vue d'organiser une aide financière compensatoire pour les familles des 3 118 victimes (morts et blessés) de l'accident : le montant global cumulé des pertes de salaire et frais médicaux engagés avait été estimé à 40 millions d'USD.

Or, 9 mois après sa création, le fonds de placement des donataires de l'Arrangement géré par un comité de coordination n'a malheureusement rassemblé que 20 millions USD : nombreuses sont les sociétés multinationales concernées qui n'ont pas encore effectué leur donation ou n'ont rempli que partiellement leurs engagements signés...

Désormais, les ONG et syndicats d'ouvriers demandent aux gouvernements des pays où sont établis les sièges sociaux des entreprises impliquées d'intervenir, notamment par l'intermédiaire des Points de Contact Nationaux (PCN), pour obtenir le versement intégral des sommes promises.
En outre, leurs revendications portent sur l'élargissement des contributions aux autres entreprises du secteur, par une action auprès des associations patronales et des organisations sectorielles.

Si le mouvement ne s'accélère pas, les victimes ne toucheront que la moitié des sommes promises par la communauté internationale...
Avis de l'expert : Au-delà du problème de l'indemnisation juste des victimes directes et indirectes d'un accident tel que celui du Rana Plaza, c'est la capacité des acteurs internationaux du secteur textile-habillement à tenir leurs engagements face à leurs responsabilités au cœur de la chaine d'approvisionnement qui est en jeu.

Il est vrai que les signataires et donataires se plaignent de supporter à eux seuls la responsabilité d'un drame qui est le résultat de pratiques d'achat généralisées : pression sur les prix et les délais, instabilité des relations commerciales, mise en concurrence favorisant le dumping social, etc.
D'ailleurs, certaines marques qui ont déjà versé leur contribution se disent prêtes à remettre la main à la poche si la participation est élargie à l'ensemble des entreprises du secteur.

L'implication des PCN pour maintenir la pression sur les entreprises engagées dans l'accord d'indemnisation est une bonne idée... mais les résultats ne seront sans doute pas à la hauteur : la France, qui avait affirmé haut et fort son implication par la voix de sa Ministre du commerce extérieur de l'époque (cf. Atmosphère Internationale de décembre 2013), n'a pu faire mieux que de convaincre une seule enseigne de la grande distribution à verser sa contribution.

Le "Rana Plaza Arrangement" était pourtant l'occasion d'opérer un changement de fond sur les chaines d'approvisionnement du secteur textile-habillement en y intégrant "dans le dur" la notion de responsabilité sociale, éthique et environnementale à l'international.

On notera toutefois que si la somme collectée pour l'instant n'atteint que 50% du montant global d'indemnisation prévu, elle n'en reste pas moins significative. La réticence des donneurs d'ordre à concéder des efforts financiers trop importants peut être en partie attribuée au fait qu'ils ne souhaitent pas pérenniser un système d'indemnisation ponctuelle ne garantissant en rien une diminution des risques chroniques.

La question d'un plan global d'amélioration des conditions de sécurité dans les usines du Bangladesh se pose clairement : il sera difficile d'augmenter les appels de fonds tant que la visibilité sur le chantier de réhabilitation industrielle ne sera pas totale.

Nous avons programmé jeudi 9 octobre 2014 de 11h à 12h un web-séminaire « privé » pour nos clients travaillant avec le Bangladesh ou souhaitant intégrer les audits de sécurité bâtiment dans leur politique RSE.

Un retour d’expérience des inspections réalisées en juin avec notre partenaire SOCOTEC aucours duquel seront abordés les points suivants :
  • De l’audit social à l’inspection sécurité des usines
  • Que doit contenir un rapport d’audit d’inspection bâtiment ? (Exemples)
  • Retour d’expert sur la sécurité des usines au Bangladesh
Inscription gratuite sur réservation auprès de notre service formation au 04 76 67 71 84 ou formation@acte-international.com
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Source(s) : Table ronde OIT/OCDE - Paris (30/09/2014)
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