17 juillet, 2025
Surtaxes américaines : l’UE écopera-t-elle d’un taux de 30 % à l’importation ?

La semaine dernière, Bruxelles pensait être proche d’un accord relativement équilibré avec Washington concernant les droits de douane à l’importation. C’était sans compter un nouveau rebondissement, aussi brutal qu’inattendu. Le 12 juillet 2025, Donald Trump a annoncé l’instauration d’une surtaxe de 30 % sur toutes les marchandises en provenance de l’UE à partir du 1er août.

Alors qu’il venait d’accorder un répit à Bruxelles en décalant au 1er août l’entrée en vigueur des surtaxes punitives et qu’un taux de 10 % était pressenti pour les produits européens importés aux États-Unis (cf. Droits de douane américains : un nouveau répit accordé à l’UE jusqu’au 1er août 2025), le Président américain a annoncé, samedi 12 juillet, que les marchandises importées de l’UE seraient soumises à une surtaxe de 30 % à compter du 1er août.

Depuis plusieurs mois, la Commission européenne négociait avec le représentant américain au commerce pour parvenir à un accord acceptable pour les deux parties. Après l’annonce de Donald Trump, jugée inacceptable par les Vingt-Sept, la copie pourrait être revue et corrigée, même si la négociation reste la priorité jusqu’à la date du 1er août. Une série de représailles commerciales à hauteur de 72 milliards d’euros visant les marchandises américaines serait en préparation côté européen. Et si Bruxelles met véritablement en place ces mesures de rétorsion, les droits de douane additionnels américains augmenteront inconditionnellement (et a minima !) de 30 %, ce qui aboutirait à une facture finale comprise entre 60 et 110 % selon les produits.

Pour l’heure, il ne s’agit que d’annonces, aucune publication officielle réglementaire n’a été publiée mais nous devrions en savoir plus d’ici le 1er août et vous tiendrons informés.

Rappelons que le taux de surtaxes additionnelles pour les importations européennes vers les États-Unis s’élève actuellement à 10 %, à l’exception des automobiles (25 %) et de l’acier et l’aluminium (50 %). 

Concernant l’acier et l’aluminium, précisions que, depuis le 3 juin, le droit additionnel de 50 % s’applique à la teneur en acier et en aluminium des articles classés aux chapitres 73 et 76 du tarif douanier américain et non plus à l’intégralité de leur valeur comme précédemment. Le contenu non-acier, non-aluminium des articles est soumis aux droits réciproques (soit 10 %), ce qui peut rendre le calcul des droits et taxes particulièrement épineux ! Par ailleurs, depuis le 28 juin 2025, si l’importateur ne connaît pas le pays de fusion ou de coulée des produits dérivés de l’aluminium soumis à la section 232, il devra obligatoirement déclarer « UN » (pour « unknown ») dans la cellule réservée au code pays ISO. Dans ce cas, les produits seront automatiquement considérés comme originaires de Russie et une surtaxe de 200 % sera appliquée. La traçabilité complète des métaux, du minerai au produit final, étant aujourd’hui quasiment impossible, cette mesure vise principalement à faire pression sur la Russie et entraîne des effets collatéraux sur les importateurs. Cet exemple précis révèle le caractère de plus en plus punitif de la politique commerciale américaine actuelle, où les objectifs géopolitiques semblent désormais primer sur la réalité économique et logistique terrain.

Reste donc à voir à quelle sauce américaine sera mangée l’UE le 1er août et quelle réponse elle y apportera. De son côté, menacé de surtaxes à l’importation de 50 %, le Brésil vient de riposter, le 14 juillet, en signant un décret mettant en œuvre sa « loi de réciprocité » adoptée en avril, à l’annonce des premières surtaxes par le Président américain. Ce texte permet au Brésil de suspendre concessions commerciales, investissements et protections de propriété intellectuelle en réponse à des mesures unilatérales de pays ou de blocs économiques affectant sa compétitivité internationale.

Source :

Réseau ACTE International

Rédacteur : Claire BEDOUIN