18 décembre, 2025
Durabilité et performance : les entreprises engagées prennent une longueur d’avance

Une nouvelle étude nationale montre que les entreprises les plus matures en matière de durabilité affichent de meilleures performances économiques. La RSE s’impose comme un levier stratégique, pas comme un coût.

Dix ans après l’Accord de Paris et dans un contexte de fortes incertitudes économiques, la question revient avec insistance dans le débat public : La durabilité est-elle un frein ou un moteur de performance pour les entreprises ?

Le nouveau rapport publié par le Mouvement Impact France et le cabinet Des Enjeux et Des Hommes apporte une réponse fondée sur des données empiriques solides : “l’engagement en matière de durabilité est clairement corrélé à une meilleure performance économique”.

Menée auprès de plus de 500 entreprises (questionnaire + Impact Score), l’étude analyse le lien entre niveau de maturité RSE et résultats économiques sur la période 2022–2024.

Les enseignements sont sans ambiguïté :

  • Les entreprises les plus avancées en matière de durabilité sont deux fois plus nombreuses à atteindre leurs objectifs de chiffre d’affaires que les entreprises les moins matures ; 
  • Les entreprises ayant un bon niveau de maturité RSE affichent une croissance moyenne plus élevée et une rentabilité opérationnelle supérieure ; 
  • Les organisations qui ont fait des choix stratégiques forts – jusqu’à renoncer à certains clients, marchés ou financements non alignés – présentent des marges d’EBITDA nettement supérieures ; 

Ces écarts de performance ne relèvent pas du hasard.

Pourquoi la durabilité améliore la performance ?

L’étude met en évidence plusieurs mécanismes clés.

D’abord, les entreprises engagées bénéficient d’une meilleure attractivité et fidélisation des talents, d’une différenciation concurrentielle renforcée et de relations plus solides avec leurs parties prenantes (clients, donneurs d’ordres, partenaires).

Ensuite, la structuration des démarches RSE améliore la gestion des risques : risques climatiques, sociaux, réglementaires, réputationnels ou liés aux chaînes d’approvisionnement. Dans un contexte de permacrise, cette capacité d’anticipation devient un avantage économique décisif.

Enfin, l’intégration des enjeux de durabilité favorise l’innovation, l’adaptation des offres et, à terme, la robustesse des modèles d’affaires.

Comme le souligne l’étude, “l’engagement en matière de durabilité ne s’accompagne pas nécessairement d’une perte de parts de marché et peut, au contraire, favoriser une meilleure résilience dans un contexte économique instable”.

Des engagements encore très guidés par la réglementation

Autre enseignement clé : les entreprises s’engagent en priorité sur les sujets fortement encadrés par la loi. Les principaux axes d’action identifiés sont :

  • l’égalité femmes-hommes ; 
  • la mesure et la réduction de l’empreinte carbone ; 
  • la formation des salariés.

Ce constat montre le rôle structurant des politiques publiques, mais aussi une limite : beaucoup d’entreprises concentrent leurs efforts là où l’obligation existe, sans toujours relier ces actions à une vision stratégique globale.

Ce que cela implique pour les entreprises

Le message de cette étude est clair :

la durabilité devient un outil de pilotage stratégique, au même titre que la performance financière.

Les entreprises qui tirent le plus de valeur de leur démarche sont celles qui :

  • structurent leur approche à partir d’un diagnostic clair ; 
  • relient les enjeux ESG à leurs enjeux business réels ; 
  • s’appuient sur un référentiel adapté à leur maturité et à leur activité ; 
  • pilotent leurs engagements dans la durée, avec des indicateurs et une gouvernance claire.

Dans un contexte de recul ou de flou réglementaire, attendre n’est pas une stratégie.

Les entreprises qui avancent volontairement se dotent d’une meilleure lisibilité, renforcent la confiance de leurs partenaires et gagnent en capacité d’adaptation.

En résumé

La question n’est plus de savoir si la RSE « coûte » ou « rapporte ».

Les données montrent que les entreprises les plus engagées sont aussi les plus performantes.

La durabilité n’est pas un supplément d’âme.

C’est un levier de compétitivité, de résilience et de création de valeur dans un environnement économique de plus en plus instable.

Source :

L’engagement en matière de durabilité au service de la performance économique des entreprises, étude nationale mené par Mouvement Impact France et Des Enjeux et des Hommes, Octobre 2025

Rédacteur : Johanna Bantman