Paris campe sur ses positions : la France ne signera pas l’accord commercial entre l’UE et le Mercosur tant que les pays partenaires n’auront pas validé une clause de sauvegarde solide destinée à préserver les intérêts agricoles européens.
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe, a réaffirmé la position de la France : aucune signature de l’accord UE-Mercosur tant que les garanties nécessaires à la protection des filières agricoles européennes ne seront pas jugées suffisantes. Paris évalue encore si les mécanismes proposés permettent réellement de prévenir les perturbations du marché.
La clause de sauvegarde mise en avant par la Commission européenne prévoit de suspendre l’accord en cas de hausse brutale des importations ou de chute des prix pour certains produits sensibles (viande bovine, volaille, sucre, miel, etc.). Toutefois, la France estime que cette mesure seule ne suffit pas. Elle réclame que les produits importés du Mercosur respectent les mêmes normes sociales, environnementales et sanitaires que les produits européens, afin d’éviter toute concurrence déloyale. Paris demande également un renforcement des contrôles sur les marchandises importées.
Bruxelles souhaite obtenir l’approbation des États membres avant la fin de l’année 2025, profitant de la présidence tournante du Brésil (Lula) au sein du Mercosur.
Pour rappel, l’accord a été signé fin 2024 et adopté par la Commission européenne le 3 septembre 2025, mais il doit encore être ratifié par les 27 États membres. Le texte prévoit une hausse des exportations européennes (voitures, machines, vins) et une facilitation des importations agricoles sud-américaines via des droits de douane réduits.
Ne pouvant bloquer seule l’accord, la France mise sur l’obtention de garanties concrètes avant de donner son feu vert définitif, notamment sur la mise en œuvre effective des clauses de sauvegarde et le respect des normes dites “miroirs”.


