13 novembre, 2025
COP30 : les entreprises au cœur de la COP de l’action

À Belém (Brésil) du 10 au 21 novembre, la 30ᵉ conférence climatique de l’UNFCCC s’ouvre dans un contexte inédit, où les entreprises sont appelées à jouer un rôle central dans la mise en œuvre des engagements climatiques.

1. Le cadre : pourquoi cette COP30 est différente

La COP30, qui se tient à Belém (État du Pará, Brésil), marque une étape importante du calendrier climatique mondial. Après les COP28 et COP29 axées sur les engagements, cette édition veut être celle de l’action concrète.

Le Brésil, pays hôte, affiche une ambition claire : faire de cette conférence non plus un simple forum de négociation, mais une « COP de la mise en œuvre ».

Le président de la COP30, André Corrêa do Lago, a d’ailleurs déclaré vouloir « harmoniser les efforts des entreprises, de la société civile et de tous les niveaux de gouvernement », affirmant être « pleinement convaincu que nous devons impliquer de plus en plus ceux qui sont les véritables acteurs de la mise en œuvre des décisions prises ».

2. Un nouveau chapitre dans la coopération climatique

Au cœur de cette volonté de passer à l’action, le nouvel Agenda de l’action a été érigé comme l’un des quatre piliers de la COP30.

Son objectif : rassembler et amplifier les initiatives concrètes menées par les entreprises, les collectivités et la société civile pour accélérer la transition.

Cet Agenda s’appuie sur six axes issus du Premier bilan mondial de l’action climatique (Global Stocktake) réalisé en 2023 :

  • transition énergétique, industrielle et des transports ;
  • forêts, océans et biodiversité ;
  • agriculture et systèmes alimentaires ;
  • villes, infrastructures et ressources en eau ;
  • développement humain et social ;
  • financement, technologie et renforcement des capacités.

Le champion climat de haut niveau de la COP30, Dan Ioschpe, précise que pendant la conférence, « une cartographie précise de ces initiatives, ainsi que des indicateurs de suivi des engagements et des plans pour accélérer le déploiement de ces solutions à grande échelle d’ici 2028 » seront présentés.

Selon lui, l’idée est que ces initiatives « ne soient pas mises en avant uniquement pendant les deux semaines de la COP, mais qu’elles vivent 365 jours par an ».

Il estime d’ailleurs que « nous nous trouvons à l’aube d’un nouveau chapitre décisif dans la coopération climatique internationale ».

Interrogé par l’Association des journalistes de l’environnement (AJE), Dan Ioschpe ajoute : « Maintenant, c’est la mise en œuvre qui est essentielle. Comment la mettre au cœur des COP dans les années à venir ? L’articulation avec l’Agenda de l’action est effectivement une des pistes privilégiées. »

3. Les entreprises, acteurs de la mise en œuvre

Cette dynamique soulève une question majeure : comment intégrer durablement l’Agenda de l’action dans le processus officiel de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) ?

André Corrêa do Lago propose que cet Agenda soit comptabilisé dans une sorte de « contribution déterminée au niveau mondial » (NDC mondiale), afin de combler le déficit d’action et de mieux relier les initiatives des acteurs non étatiques au cadre officiel des COP.

Pour Laurence Tubiana, présidente et directrice générale de la Fondation européenne pour le climat, il s’agit désormais de passer des intentions à la concrétisation :

« C’est le moment pour que ces coalitions et les États se retrouvent autour de la table pour concrétiser l’action et ne pas se contenter de déclarations d’intention. »

Elle interroge également :

« Comment introduire ces éléments pour combler le déficit d’action et atteindre nos objectifs ? »

Ces échanges illustrent la volonté croissante de mieux articuler les engagements des gouvernements, des entreprises et de la société civile autour d’un cadre commun, pour que la mise en œuvre devienne le véritable moteur de la coopération climatique internationale.

Du côté du secteur privé, la place des entreprises pourrait s’élargir.

Élisabeth Laville, fondatrice du cabinet Utopies, estime qu’« on pourrait même aller plus loin » en demandant « aux entreprises une mise à jour de leurs engagements tous les cinq ans, comme cela est demandé aux États ».

Elle souligne que « nous avons peut-être mis trop d’énergie sur les gouvernements : il est temps de s’ouvrir aux autres acteurs ».

4. Ce qu’il faudra suivre cette semaine

Alors que les discussions s’ouvrent à Belém, plusieurs points seront à surveiller :

  • la présentation détaillée de l’Agenda de l’action et sa connexion avec le cadre officiel de la CCNUCC ;
  • le niveau d’implication du secteur privé et les propositions de coopération public-privé ;
  • les initiatives concrètes portées par les entreprises, les collectivités et les ONG dans les six axes de transition identifiés.

5. En résumé

La COP30 s’annonce comme un moment charnière : celui où les entreprises ne sont plus seulement invitées à s’engager, mais à participer pleinement à la mise en œuvre des solutions climatiques.

Pour l’heure, ces discussions posent les bases d’un nouvel équilibre entre gouvernements et acteurs privés.

Il faudra observer dans les prochains jours comment cette ambition prendra forme concrètement.

Rendez-vous la semaine prochaine pour une synthèse des avancées, des annonces et des implications pour les entreprises.

Source :

Novethic: « A la COP30, le Brésil veut mettre les entreprises au cœur des “COP de la mise en œuvre », publié le 10 novembre 2025

Crédit photo : © CURIOS / stock.adobe.com

Rédacteur : Johanna Bantman