Le 11 juin, Londres et Bruxelles ont conclu un accord de libre circulation des biens et des personnes entre le territoire britannique d’outre-mer de Gibraltar et l’Espagne. C’était l’un des derniers points de friction depuis le Brexit, mais l’accord tant attendu doit encore être ratifié.
Après des années de négociations, l’Union européenne et le Royaume-Uni sont parvenus, mercredi 11 juin 2025, à un accord concernant Gibraltar. Suite au compromis trouvé en mars 2023 au sujet de l’Irlande du Nord (cf. Protocole nord-irlandais : Londres et Bruxelles enterrent la hache de guerre), Gibraltar restait le dernier territoire britannique d’outre-mer (British overseas territory) ne bénéficiant pas d’accord clair avec l’Union européenne après le Brexit. Un accord-cadre provisoire entre Londres et Madrid avait été mis en place in extremis fin 2020 afin de garantir la libre circulation des marchandises et des personnes entre l’Espagne et Gibraltar, mais aucun pacte définitif n’avait été scellé.
Le 11 juin dernier, le commissaire européen Maros Sefcovic, le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Albares, le ministre britannique des Affaires étrangères David Lammy et le ministre en chef de Gibraltar Fabian Picardo se sont donc réunis à Bruxelles pour définir les termes de ce nouvel accord. L’objectif étant de supprimer toutes les barrières physiques, les contrôles et les vérifications sur les personnes et les marchandises circulant entre l’Espagne et Gibraltar, tout en préservant l’espace Schengen, le marché unique de l’UE et l’union douanière. Voilà qui devrait simplifier le quotidien de nombreuses personnes, près de 15 000 travailleurs, en majorité espagnols, traversant chaque jour la frontière pour rejoindre le « Rocher ».
Concernant les marchandises, les parties se sont accordées sur les principes d’une future union douanière entre l’UE et Gibraltar, prévoyant une coopération étroite entre les autorités douanières respectives et la suppression des contrôles sur les marchandises, ainsi que sur la fiscalité indirecte à appliquer à Gibraltar, notamment sur le tabac, pour éviter les distorsions et contribuer à la prospérité de toute la région.
Rappelons que cette frontière britannico-espagnole est l’une des plus petites au monde puisqu’elle ne mesure que 1,2 km. Situé à l’extrémité de la péninsule ibérique, Gibraltar, a toujours suscité les convoitises, en raison de son accès à la mer Méditerranée et au détroit qui porte son nom. Détenu un temps par les maures puis passé sous drapeau hispanique, ce promontoire de 6,8 km² a été cédé en 1713 à la couronne britannique par l’Espagne, qui n’a jamais cessé depuis de revendiquer sa souveraineté.
Prochaines étapes pour ce nouvel accord historique : la rédaction du traité par les équipes juridiques, probablement d’ici l’automne, puis signature par les Parlements britannique et européen. L’entée en vigueur ne devrait ainsi pas intervenir avant 2026. Cependant, le calendrier reste susceptible d’évoluer en fonction des différents rythmes parlementaires.


