Synthèse : En 2015, le manque à gagner de l'infrastructure portuaire française laisse rêveur : au moins 2 millions d'EVP, pour 1 milliard EUR de valeur ajoutée, transitent actuellement par le Benelux
La faute à un manque de vision logistique globale et à des complexités douanières et fiscales qui étouffent la compétitivité des ports de l'hexagone. Le 1er janvier 2015, la DGDDI* lançait le dispositif d'autoliquidation de la TVA à l'importation (cf. Atmosphère Internationale d'avril 2013) qui devait permettre à la France de s'aligner sur le modèle de ses voisins belges, néerlandais et luxembourgeois (et de nombreux autres Etats membres) en épargnant aux entreprises le décaissement de la TVA pour des marchandises importées de pays tiers. Cependant la France a décidé de se singulariser en posant une condition d'accès à cette facilité fiscale tant attendue par les opérateurs du commerce : pour bénéficier de l'autoliquidation de la TVA à l'importation, l'entreprise doit être titulaire d'une Procédure de Domiciliation Unique (PDU). Une mesure visant essentiellement à limiter les risques de fraude
Or, l'accès à la PDU constitue une procédure administrative complexe nécessitant plus de 6 mois d'instruction et d'audit douanier : des contraintes trop lourdes pour les PME, principales cibles du projet. Résultat un an plus tard, les ports français n'ont enregistré aucune progression du volume des importations. Suite à cette tentative peu fructueuse de simplification douanière, et quelques semaines avant l'application des dispositions du Code des Douanes de l'Union (Atmosphère Internationale d'octobre 2015), 7 amendements ont été déposés pour l'alignement du dispositif sur ses concurrents directs : celui du 10 mars 2016 prévoit d'ailleurs de retirer l'obligation de PDU. Mais les simplifications douanières et fiscales ne sont pas les seuls leviers de développement de l'économie portuaire française. Pour les organisations syndicales professionnelles, l'intégration des ports à la chaîne logistique passe par le soutien aux modes combinés. Les groupements d'intérêt économique tels que Haropa (ports de Paris, Rouen et Le Havre) prouvent qu'il est possible de développer des synergies multimodales tout en mutualisant les investissements : une approche efficace pour élargir son offre de services logistiques et renforcer sa présence dans le maillage national et européen. Partout en France, le développement de dessertes ferroviaires pertinentes et de terminaux multimodaux, semble d'ailleurs reprendre progressivement : projet ferroviaire normand de la ligne Serqueux-Gisors, terminal du Verdon pour l'Aquitaine,... * DGDDI : Direction Générale des Douanes et Droits Indirects | |