Atmosphère Internationale
la lettre de veille stratégique du commerce international
 Thème RSE INTERNATIONALE / SOURCING
 Pays MONDE  Date août 2014

"Living Wage" : au-delà du salaire légal... un salaire minimum vital !

Synthèse : Les ouvriers du secteur textile en Asie ne veulent plus d'un salaire légal de survie : ils luttent désormais pour obtenir un salaire vital (living wage) qui couvre les besoins fondamentaux de leur famille et leur permette de vivre dignement ! Une revendication relayée et amplifiée par les ONG internationales qui n'hésitent pas à dénoncer l'hypocrisie générale autour du "sacro-saint" salaire minimum légal...

Cette revendication d'un salaire décent est bien un droit humain fondamental, stipulé dans l'article 23 de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme et repris dans les conventions internationales de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) : " Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante, lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine, et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale ".

Dans les pays à faible coût de main d'œuvre, le salaire minimum légal, au-lieu d'être un outil d'émancipation sociale, maintient la masse des ouvriers manufacturiers dans la pauvreté la plus extrême. Fixé à des niveaux très bas par des gouvernements dont l'objectif principal est de maintenir l'attractivité du pays auprès des grands donneurs d'ordres internationaux.
Par ailleurs, il est rarement indexé sur l'inflation, ce qui a un impact important sur le niveau de vie des ouvriers qui font face a une très forte augmentation du coût des denrées alimentaires de base ces dernières années en Asie.

C'est de ce constat de l'inefficacité et de l'hypocrisie du système du salaire minimum qu'est née l'Asian Floor Wage Alliance en 2005 : une initiative qui rassemble des syndicats de travailleurs du textile, des ONG asiatiques et des universitaires de pays occidentaux, afin de promouvoir un salaire minimum décent pour tous les travailleurs du textile en Asie.

Elle propose une méthode originale et fiable de calcul du salaire vital, défini comme un revenu permettant la satisfaction des besoins fondamentaux du travailleur et de sa famille : le logement, l'énergie, l'eau potable, l'alimentation, l'habillement, la santé, la protection sociale, l'éducation, les transports et l'épargne.
L' Asian Floor Wage est ainsi calculé en PPP$ ($ Parité de pouvoir d'achat), devise fictive de la Banque Mondiale permettant la comparaison entre pays sans tenir compte des variations de cours des devises locales.

Clean Clothes Campaign, l'une des ONG membres de AFWA et porte-parole du mouvement, a lancé depuis 3 ans la campagne "Pay a living wage" qui appelle à une mobilisation des citoyens du monde pour faire pression sur les Etats, les marques et distributeurs internationaux principalement dans le secteur textile. En France, cette campagne est relayée par le collectif Ethique sur étiquette.
Avis de l'expert : A l'heure où les industriels du secteur manufacturier, notamment dans l'industrie textile-habillement, ne respectent même pas leur législation locale sur le salaire minimum légal en Europe (cf. Atmosphère Internationale de juin 2014), est-il raisonnable d'appeler à mettre en place un salaire vital en Asie et dans le reste du monde ?

Pour certains pays asiatiques (Bangladesh, Sri Lanka, Cambodge) si l'on se réfère aux calculs de l'Asian Floor Wage, cela impliquerait que le gouvernement local accepte de multiplier par 3, 4 ou 5 le salaire minimum légal actuel !

Et pourquoi pas ? Quand on sait que la part salariale ne représente que 1,5 à 3% maximum du prix de vente public d'un vêtement et qu'1 consommateur sur 2 se dit prêt à payer plus cher pour acquérir des produits "éthiques" *... Après tout, on ne parle que de quelques dizaines de centimes d'euro en plus !

Certaines marques, soucieuses de leur image, ont bien compris l'importance de soutenir une telle évolution. Tout récemment, l'un des leaders mondiaux du prêt-à-porter, s'est publiquement engagé à offrir un salaire décent, révisable chaque année après négociation entre les parties prenantes, à près de 850 000 ouvriers textiles d'ici 2018 ! Une prise de position à saluer, car elle ouvre la voie à d'autres initiatives en faveur d'un salaire décent pour tous.

Pour favoriser le passage de l'utopie à la réalité, il est clair que les marques et distributeurs internationaux ont un rôle prépondérant à jouer : les donneurs d'ordre doivent œuvrer à instaurer un dialogue avec toutes les parties prenantes (cf. Atmosphère Internationale de juillet 2014) et à réduire le fossé qui sépare le niveau d'exigence en termes de qualité/délai de fabrication et la négociation d'un prix d'achat dont le salaire des ouvriers est l'unique variable d'ajustement !

Dans les audits sociaux que nous réalisons pour le compte de nos clients en Asie et au Maghreb, la notion de "salaire vital" est intégrée dans l'évaluation du niveau d'implication des usines : toute action menée pour favoriser la mise en place progressive d'une telle mesure est relevée comme une bonne pratique.

Pour toute question ou demande d'information sur la notion de "salaire vital" et la méthode de calcul établie par l'Asian Floor Wage, n'hésitez pas à contactez nos experts.

* Enquête Nielsen, voir Fashion Mag du 01/07/2014

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Source(s) : Clean Clothes Campaign, Ethique sur étiquette, Asia Floor Wage (juillet 2014)
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