Marché du carbone européen : le cours a chuté de moitié en un an

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février 2024

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Au moment où un système de taxation des émissions de CO2 se met en place à l'importation en Union européenne, le cours du carbone ne cesse de chuter depuis douze mois, se retrouvant aujourd'hui à une valeur de 50 euros la tonne contre 90 en février 2023.

Depuis 2005, l'Union européenne a mis en place un "marché du carbone" permettant de mesurer les émissions de gaz à effet de serre émanant de la production sur le territoire communautaire, dans les secteurs dits polluants et d'en calculer un coût en euros à la tonne (cf. Fret maritime : surcharges en vue en raison du Système d'Échange de Quotas d'Émission de l’UE). 

Ce marché s'articule sur le principe de l'offre et de la demande géré au travers du Système d'Échange de Quotas d'Émission de l’Union européenne, SEQE-UE (en anglais European Union Emission Trading System - EU ETS), qui concerne environ 11000 entreprises européennes. Pour rappel, ce système consiste en la distribution de quotas de CO2 aux industries qui produisent ; plus les entreprises polluent (dépassement des quotas), plus elles doivent payer, sachant qu'elles ont la possibilité de vendre aux enchères les quotas non utilisés.

L'objectif premier est de répondre aux engagements de l'UE sur la décarbonation de son espace en incitant tous les acteurs économiques à faire des efforts.

Jusqu'en 2021, le SEQE a permis de réduire de 45 % les émissions de GES (gaz à effet de serre), mais le système atteint ses limites et sera, petit à petit, remplacé par le Mécanisme d'Ajustement Carbone aux Frontières (MACF). En effet, le MACF va d'abord toucher les importations de pays tiers mais il devrait remplacer le SEQE pour les producteurs de l'UE d'ici 2034, mettant définitivement fin aux quotas gratuits.

L'objectif de l'Union européenne quant au prix du carbone est d'atteindre 100 euros la tonne. Ce tarif a été frôlé en 2021, le prix du carbone ayant atteint des sommets en passant de 37,45 euros la tonne en février, à 80 euros la tonne en décembre. En cause, la hausse du prix du gaz, qui avait incité les producteurs d'électricité à reprendre une production à partir de charbon, moins cher, mais également plus polluant. Ils ont dû acheter davantage de quotas carbone pour compenser leurs émissions, ce qui a mécaniquement fait monter les prix.

Mais les effets de ces éléments contextuels sont de courte durée puisque les entreprises jouent le jeu de la décarbonation et utilisent de plus en plus d'énergies vertes pour leurs activités. Le réchauffement climatique et la baisse de l'activité industrielle en UE entraînent également une baisse du besoin en énergie et diminuent ainsi la demande de quotas depuis quelques années, faisant ainsi chuter le prix du carbone.

Même si les spéculations vont bon train au sujet de la continuité de cette dévalorisation du cours suite aux baisses d'activités industrielles, la tendance pourrait s'inverser avec la mise aux enchères anticipée de quotas de la part de l'UE pour aider les entreprises à abandonner le gaz pour leurs activités et ainsi se libérer définitivement de la Russie pour l'approvisionnement de cette source d'énergie.

Le sujet est d'autant plus sensible qu'à partir de 2026, il est prévu que les importateurs de marchandises soumises au MACF achètent des certificats pour pouvoir importer leurs produits et que le prix de ces certificats soit basé sur la valeur carbone du système SEQE, le temps que le mécanisme MACF remplace le système actuel. 

Source(s) : Les Echos

Rédacteur(s) : L.SPRIET